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Lectures SF - Critiques 9 |
Ainsi qu'on aura pu le constater, cette rubrique critique est restée inactive pendant un bon moment, faute pour moi d'avoir mis la main sur un vraiment excellent (ou détestable !) bouquin de SF à décortiquer. Et puis, début janvier, j'ai repéré un roman dans le Monde des Livres, où d'ailleurs il ne figurait ni dans la page mensuelle science-fiction, pourtant présente, ni sous la signature de Jacques Baudou, mais dans le corps du cahier, sous celle de Xavier Houssin.
Quoiqu'il en soit (ou peut-être pour ces raisons) cette recension, extrêmement positive, m'a intrigué, puis intéressé, donc pourquoi pas celui-ci, me suis-je dit, et j'ai bravement été débourser 25 euros chez mon libraire favori (25 euros pour plus de 500 pages, ce n'est pas si cher ; certes "Les Bienveillantes", pour le même prix, en offre deux fois plus, mais ce n'est pas la seule raison pour lire aussi "Les Bienveillantes". Fin de la publicité gratuite et de la parenthèse.)
Donc fin également du suspense : de quoi s'agit-il ? De ceci : "Le dernier monde", de Céline Minard, Denoël, 2007, 514 p.
Mais d'abord, la traditionnelle quatrième de couverture, qui me permet comme d'habitude de donner une idée de la chose sans engager ma responsabilité : * * * |
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De temps en temps, on trouve des romans sous une couverture anodine qui ne laisse en rien présager le caractère science-fictif que peut avoir leur contenu, surtout s'ils sont parus chez des éditeurs "classiques". Alors, on jette un coup d'oeil, on se dit allons voir, mais le plus souvent, on est déçu : l'auteur échafaude presque toujours des problématiques de SF qu'il croit nouvelles, mais qui sont si refroidies depuis des lustres, et qu'il traite si platement, qu'on croit rêver devant tant de bonne volonté ignorante et naïve. Dernier exemple connu (de moi) : "Globalia", de J.C. Ruffin. |
Et puis Minard a une façon bien à elle de décrire les choses sans les raconter ou de les raconter sans les décrire, dans ce qu'elles font plutôt que dans ce qu'elles sont : aucun didactisme, donc, ce qui est rare. Je n'ai plus rencontré ça depuis La horde du contrevent, dans un genre évidemment très différent, même si dans les deux cas, il y a un mouvement, une avancée perpétuelle, "un lent mouvement de travelling avant" (p. 252), sauf qu'ici il n'est pas lent, plutôt une sorte de "va d'l'avant poussé au cul", de déboulement aéronautique, qui fait tourner une page après l'autre, qui fait aller, emporté par ce flot, d'une scène ahurissante à une scène stupéfiante, par exemple d'un torride accouplement géologico-hydrologique aux patientes leçons de karaté données, en vain, à un fourmilier. |
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En cherchant des informations complémentaires sur ce bouquin, je suis tombé sur un site qui en parlait, et qui évoquait en parallèle deux autres romans du même genre. Mon budget livres étant en voie d'épuisement pour le mois, j'en parlerai éventuellement une autre fois plus en détail. En attendant, voici les références et les quatrièmes de couverture :
- "Unica", d'Élise Fontenaille, Stock, 2007, 162 p. :
Depuis La Gommeuse jusqu'à son avant-dernier roman Brûlements, paru comme les précédents aux éditions Grasset, Elise Fontenaille poursuit une oeuvre singulière et obstinée. Le premier roman qu'elle publie chez Stock réunit ses qualités, ses dons de magicienne, mais un peu plus encore, car voici décidément le livre le plus original de cette jeune romancière qui nous plonge dans un fantastique si loin mais si proche. L'histoire se passe demain à Vancouver. Herb Charity, un cyberflic, traque les pédophiles au sein d'une brigade spécialisée. Au cours d'une enquête il tombe amoureux d'une jeune femme qui a arrêté de grandir, la troublante Unica Bathory. Fausse enfant aux cheveux blancs, Unica est la chef d'un gang de nanoterroristes qui punit les voyeurs, les clients de réseaux pédophiles, en leur injectant une puce empathique au niveau du cortex : ils ressentent les souffrances des enfants dont ils sont sensés jouir, dans une douleur insoutenable, jusqu'à en perdre la vue. Entre Herb, jeune adulte qui n'a pas fini de grandir, et Unica, enfermée dans un corps de fillette, se noue une étrange histoire d'amour, entre monde réél et monde virtuel, mensonge et vérité. |
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Dans un monde où la fiction n'existe plus, un homme est embauché par une entreprise tout à fait singulière, un organisme international appelé l'Institution. En ces lieux se déroulent à huis clos d'importantes réunions politiques au cours desquelles ce nouvel employé doit prendre en note chaque intervention sous une forme rigoureusement synthétisée. Discipliné à l'extrême, totalement soumis au pouvoir de sa hiérarchie, il travaille sans relâche à la maîtrise de sa propre pensée, de l'actualité géopolitique ou de tout autre domaine susceptible de valoriser sa fonction. Corrigés, contrôlés, ses résumés sont ensuite communiqués aux médias du monde entier. Jusqu'au jour où l'un de ses condisciples fait entrer dans son système de pensée une faille vertigineuse. Sous ses yeux effrayés, cet homme ouvre un roman et lui lit en secret quelques pages. D'emblée un autre langage s'impose, l'imaginaire se déploie, le désir renaît... Après le succès international de son premier roman, intitulé Voix sans issue, Céline Curiol nous entraîne dans un tout autre univers. Virtuose de l'exploration psychologique, elle aborde dans ce livre les rives envoûtantes d'un monde au futur incertain. |
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