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Annonciation de Benedetto Bonfigli (1455-60, détrempe sur bois, 227 x 200, Pérouse, Galleria Nazionale dell'Umbria).



Cette Annonciation est originale à plus d'un titre.

D'abord par son asymétrie : la partie gauche est sans profondeur marquée, presque traitée à plat, au point qu'on peut croire au premier abord que la figure divine, entourée d'angelots et accompagnée d'anges, est peinte sur une espèce de mur du fond, alors qu'un regard plus attentif la remet à sa place dans les cieux, au-dessus d'une montagne précédée d'une rangée de cyprès.
Marie, elle, est calée à droite, devant une sorte d'alcôve qui offre le seul élément perspectif, mais très fortement marqué, du tableau.
Les deux parties sont reliées par la diagonale du rayon divin, qui a l'air de propulser une colombe profilée.

Ensuite parce qu'un troisième personnage intervient, qui n'est ni un ange auxiliaire, comme par exemple dans le Lippi de Florence, ni un donateur comme dans l'Annonciation de Corsham Court ou dans celle de Rome. En fait, il s'agit de Saint Luc, sans doute en train d'inscrire sur la bandelette qu'il déroule le dialogue qui figurera ensuite dans son évangile...
Son animal emblématique étant le taureau, c'est un spécimen de cette espèce que l'on voit donc ici, à ses pieds.

Lys et livre sont là ainsi, on l'a vu, que la colombe, mais on ne voit pas de lit. L'ange porte une sorte de mini-jupette plissée dorée fort seyante et est doté de très jolies anglaises !