Humeurs 2008-2009...

Et voici la saison 2008-2009 de mes humeurs, la quatrième. Le temps passe...
Je continue à m'y laisser aller au plaisir de lancer des bouteilles à la mer en parlant de diverses choses : des qui m'agacent, des qui m'épatent, des qui m'remuent, qui m'intriguent, me terrifient, m'enchantent, m'énervent ou me font poiler. Et, comme par le passé, je me laisse la liberté d'en rajouter de temps en temps, sur telle ou telle humeur passée, la chose étant signalé par un "MàJ" daté dans la marge...

Les précédents de la saison en cours :
- 27 juin 2009 : Mais combien vaut un Dirham ?
- 15 juin 2009 : IGN : Moins d'info, plus de com
- 22 avril 2009 : Le progrès nous ralentit !
- 17 avril 2009 : À côté de la plaque...
- 31 mars 2009 : Le sport, c'est compliqué, même dans Wikipedia !
- 8 mars 2009 : Annonciations (5)
- 2 mars 2009 : Culture... générale ?
- 6 fév. 2009 : Musique obligatoire
- 16 janv. 2009 : Netiquette
- 23 déc. 2008 : Salles de cinéma
- 19 déc. 2008 : E pluribus unum
- 30 nov. 2008 : Des femmes dans la guerre, mise à jour 8 sept. 2014
- 20 nov. 2008 : Le Sarkozy dans le texte
- 13 nov. 2008 : Pléthore de photographes
- 3 nov. 2008 : Einstein par les nuls, mise à jour 15 juin 2009
- 25 oct. 2008 : Der Erste Weltkrieg
- 07 oct. 2008 : Révolution néolithique
- 09 sept. 2008 : À qui perd gagne ?
- 06 sept. 2008 : Questions de genre

- Les humeurs de l'année dernière... (2007-2008)
- Les humeurs de l'année précédente.. (2006-2007)
- Les humeurs de l'année d'avant... (2005-2006)

Majeur-Mineur
30 juillet 2009
Ça m'intéresse

Je discutais il y a quelques temps avec un ami musicien, à propos de la relation entre le mode mineur et la tristesse. Je lui disais un peu brutalement que cette relation ne me paraissait pas avoir beaucoup de fondement. Comme il me demandait sur quelle référence je pouvais m'appuyer, je lui ai dit que je chercherais.

En fait, je n'ai pas de référence précise à donner, sinon que c'est l'écho de ce que j'ai de nombreuses fois entendu de la bouche de musiciens interviewés, ou de ce que j'ai lu çà et là sous diverses plumes autorisées. De plus, ça correspond à ce que je ressens personnellement, c'est-à-dire très indépendamment du mode majeur ou mineur.

Par exemple, j'ai toujours entendu citer l'exemple de l'air "J'ai perdu mon Euridyce", de l'Orphée de Gluck, lamentation désolée ("rien n'égale ma douleur"), mais qui est... en majeur. À l'inverse, je remarque au hasard que l'Allegro final du concerto pour hautbois et violon BWV 1060, de J.S. Bach, particulièrement enlevé et joyeux, est en mineur, lui. Comme est en mineur la joyeuse "Danse villageoise" des "Pièces pittoresques" de Chabrier, de même que la très optimiste "Marche des Rois Mages" de Lully-Bizet. D'ailleurs, tout mouvement en mineur contient très souvent des passages dans la tonalité majeure dont la première est la relative mineure, sans que le caractère change beaucoup, et l'inverse est bien sûr vrai également, sans que ces passages successifs évoquent rigoureusement des sentiments opposés !

Mais en fait, tout cela est très mouvant car pendant une très longue période, héritage du tempérament inégal, non seulement chaque mode, mais bien chacune des diverses tonalités était censée exprimer un sentiment propre, sur une sorte de nuancier harmonico-psychologique très complexe, devenu parfois caractéristique de chaque compositeur, surtout entre le XVIIIe et le XIXe siècle. En revanche, à partir du troisième tiers du XIXe, les modes classiques perdent beaucoup de leur pertinence face au chromatisme wagnérien, à l'élargissement de la palette modale, et bientôt à l'atonalisme...

En tout état de cause, cette dichotomie est évidemment simplificatrice, car héritée de siècles d'évolution de la musique occidentale, essentiellement dépourvue de système modal, hormis ces deux-là.

En plus, les sentiments éventuellement ressentis à l'écoute d'une musique ne peuvent-ils être que "gais", ou "tristes" ? Ce serait un peu bref... D'ailleurs, même si le cas de l'air de Gluck est relativement clair, car il s'appuie sur un texte explicite, il faudrait vraiment être d'accord sur ce qu'on entend en général par musique "gaie" ou "triste" : j'ai toujours trouvé extraordinairement poignant, et presque tragique, le deuxième mouvement du 14ème concerto pour piano de Mozart, K 449, qui incidement est aussi en majeur. Or, à la suite de Girdelstone ("guileless and calm"), les Massin (Mozart, p. 959) y voient une "cantilène paisible et naïve, bonne personne affectueuse et douce". Rien n'est simple !

Et puis, Stravinsky a bien dit que la musique n'exprimait rien ! Alors...



Mais combien vaut un Dirham ?
27 juin 2009
Ça m'intrigue

Dans le Monde du 11 juin 2009, sous la signature de Florence Beaugé :
"Rachid, 25 ans, employé dans un centre d'appels de Fès pour 3 000 dirhams par mois (300 euros)".

Cela nous fait l'euro à 10 dirhams. Les officines de change le donnent à un peu plus (donc le dirham à un peu moins).
Mais bref, un ordre de grandeur suffit pour se rendre compte qu'environ 300 euros par mois, ça ne fait pas lourd, et que cela ne suffit évidemment pas pour se loger, se nourrir, s'habiller et avoir un minimum de loisirs, bref pour vivre... En France, à compter du 1er juillet, le SMIC sera de 1321,02€ soit 1037,53€ net. Le salaire minimum pratiqué en France serait-il plus de trois fois supérieur au salaire d'un employé de centre d'appel ?
Je vous vois venir, vous allez me dire immédiatement : mais le coût de la vie au Maroc, même à Fès, est bien inférieur à ce qu'il est en France. Et vous aurez raison, mais alors il se pose un problème : si le coût de la vie est inférieur, c'est que l'équivalent en euros de 3 000 dirhams représente, en pouvoir d'achat réel, bien plus que 300 euros. Le taux de change ne serait-il pas exact ?
On peut se poser la question, et se dire que même si le niveau de vie d'un fassi moyen (et j'imagine qu'il y a dans cette ville bien des gens plus pauvres qu'un "employé dans un centre d'appel"), est bien inférieur à celui d'un français moyen, il y a quand même quelque chose qui ne va pas. On pourrait alors imaginer que les 3 000 dirhams en question représentent un niveau de vie équivalent, par exemple, à 1 000 euros, trois fois plus.
Mais alors, c'est cette somme que coûterait à l'exploitant du centre d'appel, très vraisemblablement délocalisé depuis un pays d'Europe (sans doute la France, pour des raisons de langue) et qui diminuerait considérablement le bénéfice qu'il tire de la dite délocalisation.
Wikipédia nous explique comment s’effectue la cotation du dirham par rapport à un panier de cours de référence en devises calculé sur une base 80% euro et 20% dollar. Mais d'où sortent ces "cours de référence" ? On ne sait...

Tout cela ressemble un peu à une dévaluation déguisée, non ?
J'évoquais un problème analogue dans mon blog sur le Monde, à la fin d'un billet du 11 juillet 2008, intitulé Pas dans la dentelle...






IGN : moins d'info, plus de com
15 juin 2009
Ça m'énerve

L'institut Géographique National (IGN) est un établissement public qui a pour mission de "décrire, d’un point de vue géométrique et physique, la surface du territoire national et l’occupation de son sol, en faire toutes les représentations appropriées, diffuser les informations correspondantes" comme le dit son site.

L'IGN diffuse entre autres une série de cartes routières au 100.000e, fort précises et claires, dont je me sers depuis de nombreuses années. Ces cartes sont mises à jour régulièrement et, de temps en temps, la présentation change. Dans les années 80, c'était la "Série verte", dans les années 90 "La carte touristique locale Top 100" avec la mention "Informations touristiques" puis, ces dernières années, les "Cartes de promenade" ("Carte topographique Top 100"). Ces changements se sont toujours traduits par des améliorations.

Cette série sort actuellement dans une nouvelle présentation "Tourisme et découverte" dont, d'après le site de l'IGN, les "points forts" sont :
- Mise à jour de la cartographie
- Amélioration de la lisibilité : représentation du bâti simplifiée et lecture du réseau routier simplifiée
- Enrichissement de l'information touristique : églises, châteaux, grottes et points de vue sont signalés
- Tous les tracés des GR
- Présence des courbes de niveaux
- Compatibilité GPS : carroyage géographique
Outre que l'information touristique, les tracés des GR, les courbes de niveau, figuraient déjà dans les éditions précédentes, je note l'utilisation par deux fois dans cet argumentaire de l'adjectif "simplifié". Hélas, c'est bien là que le bât blesse.
L'IGN présente ici une "visualisation de l'amélioration de la cartographie sur une même zone", que je trouve assez peu lisible. J'en présente une moi-même ci-contre, sur des lieux que je connais bien, et à propos desquels je suis obligé de faire quelques constatations désolées. Il s'agit de l'ancienne carte n°67, de 2006 et de la nouvelle carte n°171 de 2008.

Tout d'abord, les noms de lieux sont beaucoup moins nombreux. Autour du village de Rognes, par exemple, la nouvelle version en propose deux (Petit St-Paul et Jas Blanc), là où l'ancienne, qui ne mentionnait pas Jas Blanc, proposait en revanche Benisson, le Grand St-Paul, la chapelle St Denis, Raimbaud, la Sablière, Brès et Ribière, sans compter des lieux-dits plus éloignés, que la nouvelle ne montre pas non plus.

Certes la lisibilité est améliorée, mais c'est souvent au détriment de la précision. Le village de St Cannat (dont on peut douter qu'il se soit à ce point étendu en à peine deux ans) n'est pas urbanisé de cette manière continue, je le sais bien pour le traverser très souvent. En revanche, le "Plateau de la Pile" est une zone artisanale presque complètement bâtie, ce que la carte ne montre pas... Elle ne montre pas non plus les innombrables bâtiments isolés qui formaient pourtant des points de repère indispensables, et qui sont remplacés, bien rarement, par des vagues taches colorées. L'ancien canal du Verdon, qui passe entre Lambesc et Rognes, a disparu de la représentation, ainsi qu'une grande partie du réseau de chemins, pistes, sentiers, venelles, qui quadrillent le territoire.

Alors, je crois bien qu'encore une fois la communication remplace l'information : il y a beaucoup moins à voir, mais on le voit mieux !
©IGN 2006, 2008
Mise à jour :
18 mai 2015


À l'occasion d'une toute autre recherche, je tombe sur un billet de blog qui soulève à peu de chose près le même problème que moi, ici, sous la plume de Catherine Kintzler, qui tient le blog Mezetulle.

Le progrès nous ralentit !
22 avril 2009
Ça m'épate

Je fais partie de la génération qui a vu l'informatique arriver, en particulier sur son lieu de travail.
À l'époque, une boutade (que j'avais inventée, mais je n'ai bien sûr pas été le seul !) disait : "Aujourd'hui, l'informatique permet de faire rapidement en un quart d'heure ce qu'hier on faisait lentement en 5 minutes".
Cela s'appliquait surtout à la bureautique (tiens, voilà un terme qui disparaît, progressivement, de notre environnement), mais pas seulement, et je ne croyais pas si bien dire. En voici deux exemples plus récents.

Ayant changé ma voiture, j'ai bénéficié de toutes sortes d'améliorations parfois fort utiles : ordinateur de bord, température extérieure, autoradio à affichage complet, etc. Tout cela marche fort bien mais, je m'en suis aperçu à ma grande surprise, plutôt lentement. Par exemple, le simple fait de baisser le volume de la musique que j'écoute me prive de l'affichage de l'heure pendant une dizaine de secondes. Plus grave, l'avertisseur sonore comme le commodo de phares ne font effet qu'au bout d'un délai perceptible, de l'ordre du tiers de seconde ce qui, sur autoroute par exemple, est non négligeable. Question posée à mon fournisseur, représentant d'une grande marque française, et qui répond, impavide : « C'est l'informatique ! ».

Ayant, de même, récemment installé une mini chaîne stéréo à la place d'une chaîne bien plus ancienne (1992 !) de la même marque, et d'un modèle équivalent, je n'ai pu que déplorer non seulement la perte d'un certain nombre de fonctions (affichage par défaut de l'heure, par exemple), la présence d'irritants défauts d'ergonomie (perte d'écoute de la radio quand on veut enlever un CD) mais également des délais de réaction incroyablement longs, y compris à la mise en route, qui prend une bonne quinzaine de secondes...

Certes, la loi de Moore nous qui dit que la puissance des processeurs double tous les dix-huit mois. On aimerait qu'elle s'applique aussi à la vitesse de leurs applications.

Gizmodo
Mise à jour :
12 mai 2009

J'avais oublié celui-là :
Je fréquente souvent un parking muni d'un ascenseur public qui présente les mêmes handicaps : une fois à l'intérieur, appuyer sur un des boutons d'étage ne provoque dans un premier temps que deux réactions : l'affichage de l'étage sélectionné sur un mini-écran de couleur ambre (donc peu lisible) et l'allumage d'une petite LED sur le bouton correspondant. Rien d'autre. Cependant cet allumage ne dure pas longtemps, ce qui fait qu'un nouvel arrivant allant au même étage se croit, à juste titre, obligé de réappuyer... Et de nouveaux arrivants, il continue à s'en présenter, parce que l'ascenseur n'a pas encore fait mine de bouger, et que d'ailleurs la porte est toujours ouverte.
On ne peut s'empêcher d'appuyer à nouveau sur le bouton choisi, ou sur celui qui commande la fermeture de la porte, l'un ou l'autre, et plusieurs fois, sans effet apparent, jusqu'à ce que, soudain, le tout finisse enfin par se mettre en branle, mais je n'ai jamais réussi à savoir si c'était cet acharnement, ou tout simplement l'écoulement d'un délai incompressible (et interminable), qui provoquait le déblocage tant attendu...

À côté de la plaque...
17 avril 2009
Ça m'agace

Nous allons avoir sur nos voitures de nouvelles plaques d'immatriculation...

Jusqu'à maintenant, les plaques portaient un numéro correspondant au département de résidence du propriétaire du véhicule (même si celui-ci tardait à se mettre à jour après un déménagement). La nouvelle plaque étant attaché à vie au véhicule, cette information n'a évidemment plus de sens.
Mais, on le sait, devant les nombreuses protestations soulevées par cette "déterritorialisation", il a été décidé d'afficher sur le côté droit de la plaque un numéro de département de son choix, surmonté du logo de la région correspondante.

Fort bien, moi ça ne me gênait pas que l'on sache où j'habite... L'ennui, c'est que je lis sur le site du Ministère de l'intérieur, ceci :
Afin de prendre en compte l'attachement exprimé en faveur du département, le ministre a accepté de rendre obligatoire la présence sur la plaque d'immatriculation d'un identifiant territorial, composé d'un numéro de département et du logo de la région correspondante.
et Mme Alliot-Marie d'ajouter :
Le propriétaire du véhicule pourra faire figurer l'indicatif du département avec lequel il ressent les attaches les plus fortes.
J'aime beaucoup ces "attaches les plus fortes".
Mais si je n'ai pas de telles attaches, ou si je ne veux pas les faire connaître, tant pis pour moi, car la chose est "obligatoire", ainsi que le confirme, dans l'encadré de droite, l'image ci-contre.
En quelque sorte, on en arrive à décider que tout ce qui n'est pas interdit est donc... obligatoire !

Min. de l'Intérieur

Le sport, c'est compliqué, même dans Wikipedia !
31 mars 2009
Ça m'interroge
En train de lire le dernier livre de Dennis Lehanne(1), roman qu'on pourrait qualifier de "policier historique" puisqu'il se passe en partie dans les milieux de la police de Boston, dans les années 1918-19.

Un des personnages est Babe Ruth, célèbre joueur de baseball, qui a véritablement existé et est resté dans la légende. Le livre débute par un long passage décrivant les péripéties d'un match de ce sport, dont j'ignore presque tout. D'où le réflexe : pour mieux comprendre, allons voir dans Wikipedia.
En fait, je n'étais pas totalement ignorant, et je me souvenais vaguement de ceci : un joueur (le lanceur) lance une balle à un de ses adversaires (le batteur) qui, d'un coup de batte, doit envoyer celle-ci assez loin pour avoir le temps (ainsi que ses coéquipiers) de parcourir un ou plusieurs des quatre côtés d'un terrain en forme de losange (le "diamant"), avant que les partenaires du lanceur ne l'interceptent. Je résume dramatiquement.

Donc Wikipedia, ici, commence par faire, ce qui est assez logique, un historique du sport, puis décrit sa situation internationale, donne un lexique franco-anglais (à peu près incompréhensible tant qu'on ne sait pas de quoi il s'agit), une description du terrain de jeu, un rappel des principaux stades, et enfin une description de l'équipement et de la tenue des joueurs avant d'en arriver, ce n'est pas trop tôt, à une assez brève description du déroulement du jeu lui-même.
(1) Denis Lehanne, Un pays à l'aube, Rivages, 2009, 761 p.


Wikimedia Commons, Clio64
Là, on croit alors que l'on va enfin comprendre, mais non, parce que Wikipedia omet d'abord de nous décrire le principe général que je viens de résumer (taper loin afin d'avoir le temps de courir), pour donner la liste des positions des joueurs de l'équipe défenseuse (sans rien nous dire de ce qui concerne les membres de l'équipe attaquante), puis nous dire que la partie se déroule en neuf manches divisées en demi-manches, etc. Bon, je passe.
Le texte est parsemé de liens détaillant tel ou tel terme, mais pas toujours de manière très compréhensible, faute de vue d'ensemble. Voici par exemple comment commence l'article concernant le "coup sûr" (hit) :
"Un coup sûr est le nom générique pour une frappe qui permet au batteur d'atteindre une des bases".
À lire cette phrase, on pourrait croire que le batteur doit frapper la balle pour que celle-ci touche une des bases, ce qui n'est pas du tout le cas !
L'article concernant le "coup de circuit" nous dit : "un coup de circuit ou circuit (anglais : home run) est un coup sûr qui permet au frappeur de passer par tous les buts sans erreur de la défense". Peu explicite !

Le lien Réglement du baseball dans la page en question ouvre une nouvelle page dont le contenu est, fort heureusement, plus logiquement expliqué, donc nettement plus clair...
Bref, il y a encore des efforts de pédagogie sportive à faire !

Annonciations (5)
8 mars 2009
Ça m'enchante de plus en plus
Il y a plus d'un an maintenant que je n'ai présenté d'Annonciations, après celles publiées les 24 juillet et 19 novembre 2006, le 5 juin 2007, puis le 18 janvier 2008.

En voici donc de nouvelles, peintes sur une période de près d'un siècle et demi. Comme toujours, elles m'intéressent à cause de la présence systématique, au moins à cette période, d'effets plus ou moins appuyés de perspective...

Celles de cette série présentent de plus une caractéristique particulière : comme toujours (ou presque) on y voit voleter une colombe, symbolisant le Saint-Esprit, mais là on y trouve aussi d'autres animaux... Regardez bien !

Comme d'habitude, cliquer sur une image permet de l'agrandir et de lire un bref commentaire...

B. Bonfigli
1455-60


Cosmè Tura
1469


Francesco Del
Cossa 1470


Lorenzo Lotto,
1527


Le Titien
ca. 1535


Federico Barocci
1592-96





Culture... générale ?
2 mars 2009
Ça m'énerve
J'écoute souvent, sur une radio spécialisée dans la musique, dont je tairai le nom, une émission où un animateur, dont je tairai également le nom, s'entretient régulièrement avec tel ou tel mélomane choisi parmi les personnalités des arts, des sciences et des lettres, comme on dit.
Là, c'était le tour d'un physicien et comme d'habitude, l'animateur entreprit, en quelques phrases, de présenter cet invité.

Après un bref rappel du cursus institutionnel de ce dernier, il se lance dans une description de ses travaux, mais, déjà effrayé, il prend d'abord une précaution oratoire : « Alors là, c'est très sérieux, hein ? »", prévient-il, comme s'il s'agissait d'une sorte de pornographie, et qu'il fallait faire sortir les enfants, avant de continuer en articulant soigneusement cette sorte de langue étrangère : « Vous avez étudié la propriété, les propriétés, des défauts cristallins dans les métaux, les effets des éra..., des irria..., des i-rra-dia-tions, pardon, sur les solides et l'interaction des particules sur (sic) la matière. »
Manifestement, ce brave homme n'avait pas la moinde idée de ce dont il pouvait bien être question ici.

On peut lui pardonner : personne n'est censé tout savoir.
Mais ce qui m'énerve ici, à la fois dans le ton qu'il se sentait obligé de prendre, et dans ses bafouillements, c'est cette attitude implicite selon laquelle la connaissance scientifique, ça ne fait décidément pas partie de la culture générale, il est de bon ton de n'y rien comprendre, elle est réservée à des individus un peu particuliers (à qui il arrive, heureusement, d'être mélomanes), et que si son invité avait travaillé sur n'importe quoi d'autre, ça importait finalement assez peu...



Musique obligatoire
6 févr. 2009
Ça me fatigue
Nous vivons dans la civilisation de l'image, nous dit-on. Certes, mais je crois que c'est aussi celle du son.

Il y a maintenant quelques années que les lieux publics, de plus en plus, sont "sonorisés". Par sonorisés, j'entends "agrémentés" d'une diffusion musicale. Elle est parfois d'un niveau si faible qu'on l'entend à peine, et que ce n'est pas trop gênant. Mais il y a de trop nombreuses occasions où c'est vraiment casse-tête...
Et puis, que nous fait-on entendre ? On le sait si on lit ces billets, j'adore la musique. Mais je ne suis pas toujours, c'est le cas de le dire, d'humeur à écouter du Bach (la "Badinerie" de la 2e suite, "tube" des super-marchés) quand j'aurais envie de Miles, ou du Miles quand je préférerais du Gardel ou quoi que ce soit quand j'ai envie de rien !
Je ne sais pas quels sont les critères qui régissent le choix des types de musique diffusés, j'imagine que des cellules marketing très pointues réfléchissent avec soin sur ce qu'il faut passer en boucle dans tel ou tel lieu public, au pire pour favoriser les pulsions d'achat, au mieux pour satisfaire les voeux du plus grand nombre. Or, dans ce dernier cas, cela satisfait peu les miens : il se trouve que j'ai des goûts musicaux relativement précis. Je ne veux les imposer à personne, mais je constate qu'on m'en impose quasiment toujours d'autres.
La loi de la majorité s'applique, et c'est fort juste, quand le résultat du choix proposé est unique : si par exemple, c'est NS qui a été élu Président de la République, j'en suis navré, mais je ne peux contester cette décision ; en revanche, si dans 25 lieux publics différents, les choix musicaux sont toujours les mêmes, et ne correspondent jamais à mes goûts, je m'élèverai contre la dictature de la majorité !
Reste qu'il y a un choix qui est rarement offert, celui du silence. Quand par hasard, dans un restaurant (un des endroits les plus envahis) on demande à "baisser le son", on a droit à un regard étonné, quand il n'est pas scandalisé, et cette réaction est tellement prévisible que, le silence, on n'ose même plus le demander.

Cependant Gérard Genette (Figures I, Seuil, 1966, p. 203) rappelle que, du temps des juke-boxes, certaines de ces machines offraient la possibilité d'écouter, parmi les succès du temps, non pas 2'35 de bonheur, mais bien 2'35 (ou équivalent) de... silence, moyennant finances, évidemment.
C'est dire...



Netiquette
16 janv. 2009
Ça m'amuse
Les messages que l'on reçoit par courrier électronique présentent parfois des caractéristiques formelles amusantes.

Par exemple, comment gérer un message envoyé à plusieurs ?
Certains affichent la liste de tous les destinataires dans la zone "À" (ou n'en mettent qu'un et les autres "en copie", au risque de vexer tout le monde sauf le premier). Cette méthode présente la caractéristique de faire connaître à tous le nom des autres destinataires, ce qui peut en gêner certains, la principale raison étant qu'ils vous ont peut-être un jour donné leur adresse, mais qu'ils ne désirent pas que d'autres, non contrôlés par eux, en prennent ainsi connaissance.
D'autres en revanche (et il m'arrive d'en faire partie) supportent mal l'utilisation de la "copie cachée", avec la fameuse mention "undisclosed recipients" ou l'inscription dans la zone des destinataires du seul... expéditeur. Quant le contenu du message est formel, ou technique, passe encore, mais s'il est personnel, par exemple (on le voit souvent ces temps-ci) des voeux de nouvel an, cette méthode enlève beaucoup de chaleur au contenu et fait un peu circulaire administrative...

Ce qui m'amuse aussi, c'est de lire dans un message destiné à plusieurs destinataires, dont l'expéditeur sait donc qu'il va être ouvert à des moments et dans des circonstances diverses, qu'il ignore a priori, des mentions strictement liées au moment ou aux circonstances de sa rédaction. On peut lire ainsi, à 9h du matin, des messages qui se terminent par "Bonne soirée", ou un lundi des "Bon week-end" qui nous font une belle jambe...

Et puis il y a la fameuse question des accusés de réception, qui dénotent chez l'expéditeur une certaine inquiétude quant au bon fonctionnement du réseau (sauf quand il révèle de sa part une ignorance totale de ce qui se passe dans sa messagerie !), mais qui ont pour le destinataire un petit côté comminatoire un peu agaçant...

On voit aussi souvent des messages dont la rubrique "Objet" est vide, dont on ne sait a priori de quoi ils vont parler, et surtout qui, une fois stockés dans un dossier, deviennent énigmatiques !

Enfin, pas mal d'expéditeurs se cachent derrière des pseudonymes parfois abscons, qui rend leur localisation dans une archive de messages fort difficile. Tiens, par exemple, euh..., le mien !
Voici donc ma première humeur de 2009... Un peu tardive, mais je dois avouer que j'avais du mal à écrire ici pendant les bombardements, puis l'invasion de Gaza.
J'aurais pu en parler, certes, mais d'abord ce que j'ai à dire n'était pas très original, ensuite cadrait mal avec l'esprit de ces humeurs...



Mise à jour :
21 janv. 2009
Encore une autre entorse à la bonne rationalité de la messagerie :
Un de mes cousins vient de recevoir d'un ami un lien vers un site musical, où il propose d'écouter une chanson. Au lieu de copier ce lien et de l'insérer dans un message spécifique et personnel, mon cousin se contente de transférer le tout (aux fameux "Undisclosed-Recipient"), et je me retrouve avec le lien, mais également des voeux qui ne me sont pas destinés, des allusions auxquelles je ne comprends rien et un signataire dont je n'ai jamais entendu parler !

Salles de cinéma
23 déc. 2008
Ça m'enchante
Dans la ville du Maroc où j'ai passé mon enfance, Meknès, (du moins dans sa partie dite "européenne" ou "ville nouvelle", la seule que le contexte colonial d'alors m'amenait à fréquenter régulièrement) il y avait quatre cinémas.

Leur nom résonne encore à mon oreille avec émotion : le Caméra, magnifique bâtiment fin des années trente, où l'escalier menant au balcon était décoré d'une énorme fresque de même style (ci-contre, Marcel Couderc, 1938) ; l'ABC, dans un quartier plus éloigné, le Régent, qui était aussi un théâtre et une salle de concert, et dont j'ai appris qu'il vient d'être démoli, enfin... tiens j'ai oublié le nom du quatrième. Ah oui, l'Empire !
Tous ces noms sont pour nous tous porteurs de nostalgie : au hasard de souvenirs ou de pêche au hasard sur la toile :
Le Mercoeur, le Club et le Rialto à Aix-en-Provence, le Kursaal à Aix également, mais aussi un peu partout, le Balzac à Angoulême, le Familia à Angers, le Royal à Montpellier, ailleurs en de multiples exemplaires le Palace, le Rex, l'Eden, le Lido, le Studio, le Lumière, le Fémina, le Capitole, le Colisée, le Majestic... des noms qui faisaient rêver, et qui le font peut-être encore.

Maintenant, il reste essentiellement les complexes multisalles, presque tous nommés UGC ou Pathé.



E pluribus unum
19 déc. 2008
Ça m'abat
Stupéfaction ce matin, en écoutant France-Info dans un demi sommeil : il était question de personnes "issues de la diversité" ! Quès aco ?

La diversité serait donc un genre d'univers d'où sont issus des individus dont la caractéristique est d'être "divers"... Certains autres seraient donc issus de quoi ? De "l'unicité" ?

Tout ça relève encore du politiquement correct qui se renouvelle sans arrêt, l'objectif étant de ne jamais dire les choses comme elles sont, et de toujours tenter de camoufler les problèmes sous des dénominations innocentes.
La "diversité", ici, on le sait bien, vise des différences qu'on n'ose avouer ethniques, bien qu'on le pense fortement, qu'on admet éventuellement culturelles, ou biologiques, mais qu'on refuse d'ailleurs d'envisager comme également sociales, ou économiques.
Ainsi la diversité fait discrètement allusion à des blacks ou à des beurs, mais est moins loquace sur les femmes et garde bouche cousue sur les ouvriers ou, soyons vulgaires, les pauvres en général, quels que soient leur sexe ou la couleur de leur peau...
Cela ressemble un peu aux fameux "quartiers défavorisés" dont on se demande encore qui les a ainsi mis dans cet état, sinon ceux qui sont chargés de distribuer, aux uns mais pas aux autres, des hypothétiques "faveurs".

Cela permet d'évacuer un autre terme, moins neutre celui-là, celui d'inégalité.


Des femmes dans la guerre...
30 novembre 2008
Ça me navre
Ce mois de novembre 2008 n'étant pas tout à fait fini, je reste dans les commémorations du quatre-vingt-dixième anniversaire de la fin de la Grande Guerre (voir aussi Der Erste Weltkrieg ici-même).

Mais ce qui me préoccupe aujourd'hui n'est pas très politiquement correct, c'est presque un sujet tabou. En tout cas, je n'ai presque rien trouvé sur la question, sauf dans l'ouvrage (1) qui a fait suite à l'exposition "Amours, guerres et sexualité 1914-1945", présentée du 22 sept. au 31 déc. 2007 au Musée de l'Armée, aux Invalides à Paris, mais je ne l'ai pas vue. Pas grand chose d'autre, à ma connaissance, sauf à relire dans les détail les innombrables romans, livres de souvenirs, cahiers de "poilus"...

Mais de quoi s'agit-il ? D'une chose très simple : entre 1914 et 1918, le rôle joué par les femmes dans la guerre a été très important, et il leur a été très souvent rendu hommage : infirmières dévouées, ouvrières de l'armement sous-payées, paysannes seules dans les champs, marraines de guerre, etc.

Il n'y a qu'une fonction qui est quasiment toujours passée sous silence : celle qu'ont remplie les femmes utilisées pour le repos des guerriers, d'abord employées par l'initiative privée puis, plus tard, par souci de prophylaxie, dans des établissements sous contrat avec l'armée, qu'on finira par appeler les bordels militaires de campagne, ou BMC, dans tous les lieux de repos non directement exposés au front, à une époque où on pouvait trouver des maisons closes partout, jusque dans les bourgades les plus provinciales et les plus reculées.
La gaudriole grivoise qu'on trouve dans des illustrations, comme celle présentée ci-contre en haut, ne donne sans doute qu'une idée très édulcorée des conditions dans lesquelles les choses se déroulaient, encore pires que celles qui pouvaient exister "dans le civil". On se rappelle la chanson de J. Brel : "Au suivant !" ("Au bordel ambulant d'une armée en campagne") qui s'intéresse d'ailleurs étonnamment plus à ceux qui "suivent" qu'à celles pour lesquelles ils le font.

Combien de femmes ont-elles ainsi payé de leur personne pour "soutenir le moral des troupes" ? Des milliers, des dizaines de milliers, certainement, femmes inconnues dont on ne parle quasiment jamais, femmes à qui aucun monument n'est dédié, à qui aucun hommage n'est rendu, et dont même le souvenir est gommé de la mémoire collective...

(1) Amours, guerres et sexualité 1914-1945, sous la direction de François Rouquet, Fabrice Virgili, Danièle Voldman, Gallimard/Musée de l'armée, septembre 2007, 176p, 230 illustrations (couverture ci-contre). Voir en particulier les pages 70-91.




C.-A. Picard-Ledoux, La Maison close d'Épernay (détail)
Mise à jour :
8 sept. 2014
Une exposition, découverte dans l'enceinte de la superbe abbatiale de Saint-Riquier, près d'Abbeville, cet été, répare un peu cette lacune.
Intitulée "Être femme en 14-18", elle consacre une dizaine de panneaux à la situation des femmes pendant la Grande Guerre ; un d'entre eux, intitulé "Prostitution", évoque enfin le sujet.
Il est à noter que les textes des panneaux, en français, sont résumés en anglais et... en allemand.

L'ouvrage de Françoise Thébaud, Les femmes au temps de la guerre de 14 (Stock, 1986 ; rééd. Payot et Rivages, 2013) y consacre également quelques pages ("Le repos du guerrier", p. 189-195).


Le Gros Bon Sens, ou le Sarkozy dans le texte
20 novembre 2008
Ça m'intéresse
Mon objet n'est pas ici de dénoncer tel ou tel aspect de la politique du Président de la République, mais de montrer comment le Gros Bon Sens (GBS), arme qu'il utilise volontiers, peut l'amener à avancer des absurdités.

Je vais prendre pour exemple son argumentation à propos de l'ouverture des commerces le dimanche, énoncée à diverses reprises dans la courant de l'année, telle qu'elle a été résumée en vidéo le 3 novembre dernier sur l'excellent site Arrêt sur Images. Je reprends ici des arguments des intervenants au forum de ce site, auquel j'ai d'ailleurs participé, ainsi que d'autres venant de sources diverses. Ce site étant (modérément) payant mais (carrément) intéressant, je vous invite à vous y abonner, et en attendant, à aller visionner ces différentes vidéos ici.

Pour les flemmards, ou les gens pressés, je résume les principaux éléments de l'argumentation...
NS parle donc des Champs-Élysées ("il se trouve que j'habite à côté", dit-il) :
"Fantastique, le dimanche matin, vous avez un trottoir qu'ils ont collé en zone touristique où, le dimanche, le travail est autorisé, et le trottoir d'en face, c'est pas une zone touristique, le dimanche c'est pas autorisé".
"Le côté ensoleillé, il est touristique, le côté à l'ombre, il est... Ouais, seulement, en fonction de l'heure de la journée, c'est pas le même."
"Je le dis au maire de là-bas..."
"Des étrangers qui veulent dépenser de l'argent, et payer de la TVA".
"Sur la base naturellement du volontariat".
La vendeuse : "Le dimanche, c'est pas plus long que le lundi". "Mais seulement nous on gagne deux fois plus".
"Il faut penser aussi aux familles qui ont le droit le jour où ils ne travaillent pas d'aller faire leurs courses dans des magasins qui sont ouverts".


© Libération
Service photo Elysée, L. Blevennec
Irréfutable de bon sens, n'est-ce pas ? Et pourtant, pas si simple...
D'abord, un élément concret : les Champs-Élysées étant, en gros, orientés est-ouest, le côté ensoleillé est toujours le même, à droite en montant, sauf peut-être du 15 au 25 juin à 5 h du matin !
Ensuite, des commerces ouverts le dimanche, il y a aussi à gauche, même s'ils sont moins nombreux qu'à droite.
Par ailleurs, quand il parle du "maire de là-bas", eh bien il s'agit du maire du 8e arrondissement, François Lebel, membre de... l'UMP ! Il le connaît, il a été marié par lui avec Mme Bruni !
Les étrangers, précisément, achètent détaxé et ne paient donc pas la TVA...
"Volontariat" : me fera-t-on croire qu'un(e) salarié(e) pourra toujours refuser d'être "volontaire" pour travailler le dimanche sans risquer de répercussion sur son avenir professionnel ? Et jusqu'à quel point peut-on répondre "librement" à cette question lors d'un entretien d'embauche ?
Quant à la vendeuse payée double, elle a bien de la chance. Souvent, le taux est bien inférieur, et même parfois on n'a droit qu'à un repos compensateur ou même à... rien, dans le cadre de l'annualisation ! Pour plus de détails, voir ici.
De nombreuses études montrent par ailleurs que l'ouverture dominicale ne garantit pas une augmentation des chiffres d'affaires, mais le plus souvent un étalement sur 7 jours du chiffre déjà réalisé sur 6. De plus, le surcroît éventuel de salaire accordé aux employés ne peut que se répercuter sur les prix, augmentation qui frappera tous les acheteurs, y compris ceux qui n'achètent qu'en semaine (voir l'article de Philippe Askhenazy dans Le Monde du 19 novembre, p. 30). C'est un comble !

Comme quoi il ne faut pas se fier au gros bon sens, mais, peut-être, se renseigner et réfléchir...

(Pendant les interventions de Sarkozy, je ne peux m'empêcher de penser aux moments où Yves Montand, qui excellait dans cet emploi, jouait les hâbleurs et les embobineurs, par exemple dans "Tout feu tout flamme", de Rappeneau, avec I. Adjani).


Pléthore de photographes...
13 novembre 2008
Ça m'intrigue
Je suis toujours épaté de voir dans des occasions publiques se presser d'incroyables meutes de photographes autour des personnalités à immortaliser, par exemple à la sortie de l'Élysée, ou chez Drouant lors de l'annonce du Goncourt, ou bien devant le Palais des festivals à Cannes (première image), si nombreux qu'on les retient derrière une corde. Il arrive même qu'on les parque quasiment dans des sortes de cages (seconde image).

Quelle est la finalité exacte, l'utilité de cette débauche de pellicules (ou plutôt maintenant de pixels !) ? Je n'ose imaginer le nombre de clichés, très vraisemblablement presque identiques qui sortent, parfois en rafale, de ces maelströms iconographiques. Sont-ils tous vraiment nécessaires ?

On peut imaginer les paparazzi qui cherchent, au prix de longues heures de traque ou de téléobjectifs perfectionnés, essayer de faire mieux que leurs collègues et de prendre LE cliché qui fera date. Mais là, tous en paquet autour de la même scène...

Chaque photographe espère-t-il vraiment être le seul à capter le regard momentané, à enregistrer l'incident fugace, à voir le détail minuscule qui auraient échappé à ses nombreux collègues ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Les organes de presse et agences d'images qui paient tout cela peuvent-elles rentabiliser un tel investissement ?

Ce qui est encore plus étonnant d'ailleurs, c'est qu'on trouve parfois, à l'occasion d'un événement important (par exemple l'élection du nouveau président des États-Unis), une seule et unique image sur des tas de supports très différents. À quoi auront alors servi toutes les autres ? Et pourquoi est-ce cette photo-là qui a été choisie, parmi des milliers et des milliers ?

Mystère...



AFP/Éric Estrade

Einstein par les nuls
3 novembre 2008
Ça m'exaspère
Une fois n'est pas coutume, c'est dans mes humeurs, et non dans la rubrique "Lectures SF et autres" qu'on trouvera un compte-rendu de livre. Tout simplement parce qu'il relève non d'une appréciation critique ordinaire, mais de ma colère devant ce qui est pour moi une déplorable exemple de négligence éditoriale.
De quel livre s'agit-il ? De Albert Einstein par Laurent Seksik, Gallimard, Folio-Biographies, octobre 2008.

Einstein m'a toujours quelque peu fasciné, alors j'ai acheté ce livre parce qu'après en avoir survolé au hasard quelques pages, je me suis dit qu'il avait l'air de présenter du personnage un profil plus psychologique que scientifique. Pourquoi pas ? Et d'ailleurs, je n'ai pas eu complètement tort, l'ouvrage présentant du savant, à l'intention du grand public, une image plus humaine, vivante, parfois contrastée, point trop hagiographique, qui sort un peu des images d'Épinal habituelles, en particulier sur le plan sentimentalo-sexuel et sur le plan politique.
Mais pour le reste, quelle erreur ! Car ce projet qui aurait pu être intéressant est réalisé de manière parfaitement désastreuse.

Je passe sur les envolées lyriques qui parsèment l'ouvrage, ou sur les scènes auxquelles l'auteur a sans doute assisté personnellement (Einstein "a le visage plongé entre les mains et retient ses larmes", p. 114) ou sur les coquilles ou cuirs ("sur la voix de la reconnaissance", p. 100 ; "s'avère faux", p. 135 ; "Erwin Shrödingen", p. 170). Je passe également sur les formules surprenantes ou illogiques : par exemple, la phrase "Longtemps, nul ne sut ce qu'il était advenu de la fille d'Einstein" (p. 63) donne à penser que le mystère a depuis été éclairci. Or, Seksik ajoute plus loin, tranquillement : "L'énigme demeure". C'est irritant, mais bon, on passe. En revanche, on ne peut pas pardonner des points bien plus graves.

Certains ne relèvent même pas toujours de domaines scientifiques.
Erreurs factuelles : "le petit village d'Aarau voisin de Zurich" (p. 51) est en fait une ville, capitale du canton, avec son lycée, et n'est pas plus un "village" que ne l'est, p. 62, Schaffhouse. "L'École polytechnique forme des professeurs de mathématiques et de physique" (p. 55) : elle forme surtout des ingénieurs. Même page : "un fleuve (...) passe près de l'école" : ce n'est en fait qu'une rivière, la Limmat (et non "Limat", comme il est dit plus loin), le seul "fleuve" voisin serait le Rhin, à près de 30 km ! Les Principia de Newton auraient été publiés en 1647 (p. 72), alors que c'est en 1687 ! À cette époque (vers 1896 et suivantes) "Le professeur Minkowski (...) des décennies plus tard, formulera les bases mathématiques des découvertes d'Einstein" (p. 58). Des décennies ? Minkowski meurt en 1909 ! "L'Amérique (...) depuis longtemps n'est même plus membre de la SDN" (p. 206) : pour cause, elle ne l'a jamais été ! Arrivé en exil aux États-unis en 1933, Einstein a du mal à convaincre du danger allemand car "on se souvient que les terres des Ardennes sont creusées de cimetières où gisent les corps de jeunes Américains" (p. 206) : la bataille des Ardennes a en effet vu le sacrifice de nombreux texans ou californiens mais... dix ans après, en 1944-45 !

D'autres sont des fautes ou des erreurs majeures concernant la physique, ce qui est grave quand on s'attaque à ce genre de sujet, même si on ne cherche pas à faire de la vulgarisation scientifique.
De ridicules absurdités : à la fin du XIXe siècle, "La physique vient de gagner ses lettres de noblesse. Elle s'est émancipée de la tutelle des mathématiques" (p. 57) !!! Mach est "le premier à railler les théories de Newton" (p. 66) ; les équations de Maxwell "posent le problème des grandes vitesses douloureuses" (p. 76) ; "Ernst Mach, le père de la physique" (p. 102) ; après la mesure en 1919 de la déviation de la lumière par le soleil : "C'est Newton qu'on assassine" (p. 134) .
Des contrevérités ou des approximations : Planck est "l'inventeur de la physique moderne. Il a esquissé le concept du rayonnement lumineux" (p. 97). La théorie de la relativité générale "est le fruit de recherches conclues à la fin des années 20" (p. 71) alors qu'elle est publiée en 1916 ; "Des arcs de seconde" (au lieu de "secondes d'arc") (p. 127).
Des bourdes majeures : "la formule la plus célèbre, E = mc2 (...) n'a rien à voir avec la relativité" (p. 82). "Il est impossible de savoir (...) si l'on est en état d'accélération ou au repos". Dans les étoiles doubles, "le temps pris par le rayonnement de l'étoile la plus proche pour atteindre la Terre est identique à celui de la plus lointaine" (p. 85) ce qui est absurde et faux, une bonne formulation serait : "le temps pris par le rayonnement de l'étoile qui s'approche de la Terre pour l'atteindre est identique à celui mis par celle qui s'en éloigne" pour dire que la vitesse de la lumière est indépendante de celle de sa source. À plusieurs reprises (p. 83, 220, 222, 224) est évoquée l'idée selon laquelle l'uranium se prête bien à la fission nucléaire parce qu'étant très lourd, il est très rentable dans le cadre de l'équation E = mc2 ! "L'eau lourde, un liquide extrêmement difficile à trouver, qu'on avait découvert en Norvège" (p. 222) comme si elle existait à l'état naturel !
La plus belle est cependant ce paragraphe de la page 71, qui est en contradiction radicale avec le principe de relativité : "La relativité restreinte (...) s'applique seulement à un système en inertie. Une décennie plus tard, les conclusions de cette théorie s'étendront à tout système, inerte ou en mouvement".
Je n'ai pas le temps de vérifier toutes les assertions de ce livre, et je ne suis pas spécialiste de physique, alors je suis sûr qu'il s'y trouve bien d'autres aberrations...

Laurent Seksik prétend nous faire partager le respect et l'admiration qu'il a pour la personnalité d'Einstein. Mais le côté bancal de sa documentation et l'ahurissant n'importe quoi de ses assertions sur le plan scientifique témoignent d'un grand mépris du lecteur. Pourquoi son éditeur ne l'a-t-il pas vu ? Une maison comme Gallimard n'a-t-elle pas les moyens de faire relire les manuscrits qu'elle publie ?
Mise à jour
15 juin 2009
Je reçois ce jour le message d'un blogueur "physicien de formation" qui me dit avoir lu ce billet et en partager l'essentiel. J'en suis ravi. On trouvera ici ce qu'il en dit...

Der Erste Weltkrieg
25 octobre 2008
Ça me pantoise
Le Monde des livres du 24 octobre présente, sous le titre "14-18, une histoire sans fin", une série d'ouvrages récents en français sur la première guerre mondiale, dans la perspective du 11 novembre prochain, qui marquera le 90e anniversaire de l'armistice de 1918. Entre les longues critiques et les simples signalements, plus de trente livres sont ainsi mis à l'honneur.

Ce qui m'a frappé en prenant connaissance de cette avalanche (métaphore hardie, je le reconnais), c'est la prédominance presque totale de documents traitant de la guerre vue du côté français. Je n'ai pas évidemment lu toutes ces publications, mais, au vu de leur titre, et des commentaires faits par le quotidien, je n'ai trouvé que trois exceptions, ce qui est peu : La Grande Guerre. Une histoire franco-allemande, chez Tallandier ; sur un aspect plus particulier, mais dans une perspective internationale, Sortir de la Grande Guerre, chez le même éditeur ; enfin La Grande Guerre dans l'histoire culturelle de l'Europe de Jay Winter, chez Armand Colin. Peut-être faut-il y ajouter Cicatrices. La Grande Guerre aujourd'hui, chez Tallandier encore, puisque un des deux auteurs s'appelle Gerd Krumeich (l'autre est Stéphane Audoin-Rouzeau). Une autre de ces recensions commence pas "Eugène Birsinger, paysan du Sundgau", mais il est question en fait d'un Alsacien-Lorrain.
En l'occurrence, je n'incrimine pas la rédaction du journal qui, j'imagine, ne fait que refléter l'état de l'édition française sur le sujet.

Or, que je sache, il s'agissait bien de la première guerre "mondiale" qui opposait, principalement, la France et ses alliés, à l'Allemagne et ses alliés. Mais on a l'impression, à voir ce panorama, que la guerre a touché notre pays tout seul, et qu'il se battait contre Dieu sait qui ou quoi, des extra-terrestres, ou des forces telluriques.
On nous a longuement parlé, quand il est mort il y a quelques mois, de Lazare Ponticelli, le "dernier poilu". Je ne sais quel nom familier les allemands donnaient à leurs soldats, on ne me l'a jamais dit, et on m'a encore moins dit (ou alors de manière si confidentielle que je ne l'ai pas vu) s'il restait encore des "poilus" germaniques de l'autre côté du Rhin...

Je me souviens pourtant à quel point la lecture du roman d'E.-M. Remarque, À l'ouest rien de nouveau m'avait en son temps ouvert les yeux sur beaucoup des aspects de cette guerre...

Une affaire franco-française, je vous dis...

Révolution néolithique
7 octobre 2008
Ça me stupéfie
Le Monde des 28-29 septembre derniers présente en page 14 un "grand entretien" sur la révolution néolithique, où Christiane Galus interroge deux spécialistes honorablement connus, Jean-Paul Demoule et Jean Guilaine, à propos d'un colloque sur le sujet à la Cité des Sciences, début octobre 2008.

La première question qui leur est posée est la suivante :
"Pourquoi, selon vous, le genre Homo s'est-il décidé à se sédentariser et à domestiquer les plantes et les animaux ?"
La réponse de Jean Guilaine est étonnante :
"Pendant longtemps, on a expliqué ce processus par une contrainte du milieu naturel, qui aurait poussé les hommes à rechercher des moyens accrus pour s'alimenter. En fait, la réponse n'est pas matérialiste (...) Pourquoi ? Parce qu'à un moment donné de son histoire, [l'homme] a recherché d'autres modes de vie. C'est un choix culturel (...)".
Jean-Paul Demoule surenchérit :
"Entre - 10 000 et - 5 000, on constate une coïncidence troublante : pendant cette période, plusieurs foyers de néolithisation, indépendants les uns des autres, sont apparus d'abord au Proche-Orient (...), puis au Mexique et dans les Andes (...), en Chine (...) et en Nouvelle-Guinée (...). C'est sans doute le résultat d'une alchimie très complexe et d'un déclic idéologique qui a donné à l'homme l'idée de prendre le contrôle de ses ressources nutritives".
"Choix culturel", "déclic idéologique", "l'idée" ? Ciel ! Ainsi, l'homme néolithique se serait dit tout à coup : "Tiens, ras l'bol de la chasse et de la cueillette, si j'essayais un peu l'agriculture et l'élevage, pour voir ?" Et à cette "coïncidence troublante" à l'échelle planétaire, JP Demoule ne trouve pas d'autre explication...

J. Guilaine ajoute ensuite qu'au Proche Orient "la néolithisation (y) a été un processus très lent", entre - 9 500 et –7 500, et commente : "C'était une politique de petits pas". Le même Homo Néo se disait sans doute en effet : "N'allons pas trop vite vers l'agriculture intensive et l'élevage diversifié, pratiquons une politique progressive".

J.-P. Demoule souligne qu'en Europe, vers - 4 500, "les agriculteurs ressentent l'obligation de se réorganiser et de faire des gains de productivité". Je trouve ce "ressentent l'obligation" et ce "se réorganiser" assez croquignols.

J'avoue ne pas bien comprendre la logique de ces affirmations péremptoires, ni sur quels arguments elles s'appuient. Jamais d'ailleurs la journaliste n'essaie d'en savoir plus. En particulier, elle ne paraît pas un instant étonnée par l'impasse totale faite sur le facteur climatique, et sur la fin, survenue précisément il y a une dizaine de milliers d'années, de la dernière période glaciaire.

Affiche du colloque

Mise à jour :
10 août 2015
La lecture successive de deux ouvrages de Jean-Paul Demoule, On a retrouvé l'histoire de France, puis Mais où sont passés les Indo-Européens ?, ainsi que la fréquentation de son blog me poussent à me demander s'il ne faudrait pas plutôt faire porter la responsabilité de mon étonnement irrité à la responsable de l'interview, Christiane Galus : on ne retrouve en effet rien de tel sous sa plume dans ces ouvrages, bien au contraire. J'ai d'ailleurs pu retrouver les vidéos des interventions à ce colloque, et la sienne ne prête aucunement à confusion.


À qui perd gagne ?
09 sept. 2008
Ça m'intrigue
On apprend aujourd'hui que les autorités US ont "nationalisé" (en fait, vont recapitaliser) Freddie Mac et Fannie Mae, et vont y injecter jusqu'à 200 milliards de dollars. On se rappelle qu'en janvier la Société Générale avait perdu près de 4,8 milliards d'euros suite à des opérations boursières à terme menées par son salarié Jérôme Kerviel. Le 3 septembre dernier, on apprenait également que deux courtiers de Wall Street étaient accusés d'avoir détourné l'équivalent de près d'un milliards d'euros.

Dans tout cela, on sait à peu près qui a perdu de l'argent ; pour Freddie et Fannie, ce seront les contribuables (les emprunteurs insolvables aussi, mais c'était déjà fait, et on n'en parle, hélas, pas beaucoup, alors qu'il sont fort nombreux, et souvent dans une situation désastreuse) ; pour la SG, les perdants sont, dans un premier temps, les actionnaires (ensuite les salariés, sans doute, peut-être aussi les clients ?). Enfin, pour l'escroquerie de Wall Street, ce sont des clients du Crédit Suisse qui se sont retrouvés avec des valeurs fragiles et très dévaluées.

Mais dans tout cela, je me pose une question : où va tout cet argent sorti de diverses poches ?
Dans le dernier cas, il n'apparaît pas (mais l'affaire est très récente) que les deux courtiers aient agi à leur propre profit. Pour la Société Générale, Kerviel a été accusé de tout sauf d'avoir profité de l'affaire pour son enrichissement personnel. Quant à Mac et Mae, leurs dirigeants ont continué à toucher leur confortable revenu, jusqu'à leur licenciement, qui leur apportera certainement quelque parachute doré, mais pas plus qu'avant... Alors, où est allé l'argent ?

Mais d'abord, est-il vraiment allé quelque part ? Y a-t-il dans les complexes et ténébreux circuits financiers des individu(e)s, ou des institutions qui se sont trouvés, volontairement ou non, sous le robinet alimenté par ces pertes ? Dans ce cas, qui sont-ils, et serait-on en droit de leur demander des comptes ? Ou alors, au contraire, assistons-nous à un jeu à somme non-nulle, où ce que perd A n'est pas obligatoirement gagné par un quelconque B, C ou D, mais est mystérieusement soustrait à la réalité pour se volatiliser dans le non-être économique ?

Comme les media ne parlent jamais de cet aspect de la question, je me demande si cette dernière hypothèse, qui supposerait au sein du système des puits sans fond et des gaspillages effarants, ne serait pas la bonne...




Questions de genre
06 sept. 2008
Ça me fait rire
Dans une humeur d'avril 2006, Le sexe de la langue, je me moquais de la féminisation, parfois illogique, et souvent peu agréable à l'oreille, de certains noms de métiers.
Sur un mode plus humoristique, je trouve dans l'ouvrage de Fasola et Lyant, Grammaire turbulente du français contemporain (Seghers, 1990, 238 p.) un passage qui est tout à fait en résonnance avec mes propres remarques. Le voici, exactement reproduit (y compris les bizarreries !) :

I) LA GENRE

Tous les mots ont un sexe. C'est la genre qui la leur confère.

(Le mot genre s'autogénère ad libitum. On dira donc tantôt
la genre, tantôt le genre, indifféremment.)

Il y a deux genres :
     G.1. Le genre masculin, pour tous les mots de sexe masculine ;
     G.2. Le genre féminin, pour tous les mots de sexe feminine.
Exception : genre

Les deux genres précédemment cités, c'est à dire G.1. et G.2., connais-
sent les subdivisions suivantes qui, elles, ne sont pas liées à la sexe :
genre humain
genre noble
mauvais genre
bon genre
genre ennuyeuse
genre zazou
genre drôle (de)
genre sérieuse
[...]
[On ne lit] jamais, autant que nous sachions :[...]
"Le masculin se forme en retranchant un -e au féminin" ;
Une cousine          un cousin
Une ourse            un ours
Une loupe            un loup
Une ponte            un pont (1)
Une chaise           un chais
Une fraise           un frais
Une glande           un gland
[...]
Une lézarde verte    un lézard vert
Une semise (2)       un semis
(1) Exception : un ponte
(2) sauf en Auvergne
[...]

"Péniche" ne s'utilise qu'au féminin, sauf en Auvergne.

Et ainsi de suite... Je recommande la lecture de cet ouvrage abondamment loufoque !

Couverture de la première édition Ramsay, 1984





Humeurs de l'année dernière...
Humeurs de l'année précédente...
Humeurs de l'année d'avant...