Humeurs 2009-2010...

Et voici la saison 2009-2010 de mes humeurs, la cinquième, ça se confirme, le temps passe vraiment...
Je continue à m'y laisser aller au plaisir de lancer des bouteilles à la mer en parlant de diverses choses : des qui m'agacent, des qui m'épatent, des qui m'remuent, qui m'intriguent, me terrifient, m'enchantent, m'énervent ou me font poiler. Et, comme par le passé, je me laisse la liberté d'en rajouter de temps en temps, sur telle ou telle humeur passée, la chose étant signalé par un "MàJ" daté dans la marge...

Les précédents de la saison en cours :
20 décembre 2010 : Universalité de l'Espéranto ? (Mise à jour 29 mars 11).
27 octobre 2010 : La brioche de Jean-Claude Gaudin
22 octobre 2010 : Introversion cartographique
10 septembre 2010 : Décoration
31 août 2010 : Masculin-féminin
3 juin 2010 : Fierté (Mise à jour 2 avril 11, 28 nov. 13).
31 mars 2010 : Variations
26 février 2010 : Caméra cachée
5 février 2010 : Démonstration
23 janvier 2010 : Générosité ?
7 janvier 2010 : Sicilienne
09 novembre 2009 : Réunification ?
18 octobre 2009 : Sous-titres
15 octobre 2009 : Bonjour, je suis bien chez M. Giangi ? (Mise à jour 31 oct. 09)
11 septembre 2009 : Ô Toulouse (Mise à jour 17 sept. et 28 oct. 09)
10 septembre 2009 : Pantalon (Mise à jour 16 sept. 09).

- Les humeurs de l'année dernière... (2008-2009)
- Les humeurs de l'année précédente... (2007-2008)
- Les humeurs de la deuxième année (2006-2007)
- Les humeurs de la première année(2005-2006)

Universalité de l'Espéranto ?

20 décembre 2010
Ça m'attriste

Le Monde du jeudi 16 décembre offrait une double page centrale publicitaire payée par des associations de promotion de l'espéranto, à l'occasion du 151ème anniversaire de la naissance de son créateur, L. L. Zamenhof. Elle contenait de vibrants plaidoyers pour l'apprentissage de cette langue dite "universelle", pour laquelle j'ai la plus grande sympathie, eu égard aux objectifs universalistes et pacifiques de ses promoteurs.

Universalistes ? Peut-être, et pourtant, j'en doute un peu. En particulier, parce que c'est une langue fortement teintée d'européano-centrisme, en particulier s'agissant du vocabulaire. Si les locuteurs des langues latines ou anglo-saxonnes ne risquent pas d'être désarçonnés par son fonctionnement, ceux de l'arabe ou de l'hébreu, sans parler du chinois ou d'autres langues asiatiques, y retrouveront moins leurs petits. Le slogan selon lequel "cette langue s'apprend dix fois plus vite que l'anglais" est sans doute valable pour un espagnol ou un grec, je doute qu'elle le soit pour un malais ou un locuteur d'une langue dravidienne.

On trouve dans la double page du Monde un encadré présentant quelques traits de cette langue, "Petite leçon d'espéranto". Les exemples qui y sont donnés confortent mes craintes. On y apprend en effet, par exemple, que le mot "fusée" se construit avec "sipo" (vaisseau) et "kosmo (cosmos) pour donner "kosmosipo". "Mal" induisant le contraire et "ami" voulant dire aimer, alors "malami" signifie haïr. Je trouve cette logique assez basique. L'article se termine en notant que l'espéranto a pu traduire "fax" en "faxo" et "a su intégrer" le mot euro, sous la forme : "euro". Bravo pour la performance ! Par ailleurs, j'avoue être choqué par des mécanismes comme celui qui consiste à ajouter le suffice "ino" à un nom pour le féminiser, ce qui fait que "patrino" (mère) n'est que la féminisation de "patro" (père) et "fratino" (soeur) de "frato" (frère). L'espéranto machiste ?

Les lecteurs des billets de ce site savent à quel point je suis choqué par l'envahissement de la langue française par le vocabulaire, les tournures de phrase et même les aspects civilisationnels de l'anglo-étazunien. Mais en ce qui concerne l'utilisation d'une langue universelle des échanges internationaux, je ne vois hélas pas d'autre possibilité que l'anglais. Il n'est pas construit de manière plus universelle que l'espéranto, mais c'est de fait la première langue de près de 375 millions de personnes, parlée par environ un milliard d'individus, comprise par sans doute un encore plus grand nombre, utilisée majoritairement dans bon nombre de transactions internationales. L'espéranto, lui, n'est pratiqué que par quelques millions de locuteurs et n'est la langue maternelle que d'un groupe très restreint (dont fait partie, paraît-il, l'homme d'affaires Georges Soros).

La langue de Shakespeare mais surtout de Walt Disney sera-t-elle un jour supplantée quantitativement par le chinois ? Nous verrons...

Congrès Espéranto   Congrès Espéranto
Congrès Espéranto
Affiches de Congrès espérantistes de 1913, 1939 et 2009. Droits réservés
Mise à jour :
29 mars 2011
Un ami me signale, de manière fort pertinente, l'existence d'un très intéressant rapport officiel "L'enseignement des langues étrangères comme politique publique", écrit en septembre 2005 par François Grin, professeur à l'Université de Genève. On le trouve ici.
Ce rapport "aborde la question de l'enseignement des langues étrangères comme une forme de politique publique" et se demande "quelles langues étrangères enseigner, et pour quelles raisons".
Il prédit "dans le contexte européen actuel, une convergence accélérée vers une hégémonie linguistique exercée par l'anglais. Une telle évolution, cependant, s'avère inefficace en termes d'allocation des ressources, injuste en termes de distribution des ressources, dangereuse pour la diversité linguistique et culturelle, et préoccupante quant à ses implications géopolitiques."
Il examine alors trois scénarios alternatifs : "le « tout-à-l'anglais » (...) ; le « plurilinguisme » (...) ; et « l'espéranto » (...)".
Sur ce dernier point, je le reconnais, la limitation au cadre européen fait tomber une partie de mes arguments, puisque la quasi-totalité des 27 pays de l'union pratiquent des langues indo-européennes. Cela dit, ce rapport a maintenant 6 ans et, apparemment, rien ne s'est passé, ni dans un sens, ni dans un autre, sauf peut-être la pérennisation et le renforcement de l'hypothèse 1, le « tout-à-l'anglais »...

La brioche de Jean-Claude Gaudin

27 octobre 2010
Ça m'irrite

En bas de page 3 du Monde du mardi 26 octobre, un petit article sur les "tatas", ces femmes qui, employées dans les cantines scolaires de Marseille dans des conditions extrêmement difficiles, mènent une grève tournante à propos de la réforme des retraites.

Le maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, est interrogé au téléphone à cette occasion par le journal. Il commente différents aspects du problème, et termine par la phrase :
« Ces femmes-là sont bien contentes d'avoir du travail ».

Même s'il ne s'agit évidemment pas de la même situation, le mépris et la suffisance dont témoigne cette déclaration me rappelle la réaction de Marie-Antoinette devant la foule des femmes venues à Versailles chercher " le boulanger, la boulangère et le petit mitron " :
« Si elles n'ont pas de pain, qu'elles mangent de la brioche ».

Brioches
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Introversion cartographique

22 octobre 2010
Ça m'étonne

Il y a bien longtemps que la chose m'avait frappé.

J'avais remarqué que les plans des arrondissements de Paris éparpillés sur les trottoirs de la capitale présentaient une caractéristique étonnante : on y trouvait toutes les indications nécessaires à une orientation correcte, voies, bâtiments officiels, stations de métro, etc. Sauf que...
Sauf que ces indications se limitaient à l'arrondissement où se trouvait le panneau. On pouvait circuler commodément sur tout le territoire de l'arrondissement mais, arrivé à sa frontière, plus rien. Parfois seulement quelques simples indications très floues et rudimentaires, à peine esquissées en couleurs pastel.
On en trouve un exemple assez radical, ci-contre, tiré d'un autre source, mais qui présente la même caractéristique. Il intéresse le 7ème arrondissement. L'orientation y est difficile : si l'on remonte tranquillement, par exemple, le boulevard St Germain, on tombe brusquement, un peu après le carrefour avec le boulevard Raspail (et après avoir enjambé un sinistre pointillé noir), sur un no man's land désespérant, comme si l'arrondissement concerné constituait une espèce d'île dans un océan de vacuité. Il faut alors se risquer dans l'inconnu en cherchant avec angoisse un nouveau panneau consacré, lui, au 6ème, mais oubliant alors complètement, bien sûr, le voisin nord-occidental d'où l'on vient.

Il y a longtemps que je ne suis plus allé dans le centre de Paris, et j'espère qu'une signalétique plus intelligente et plus synthétique a été mise en place.

Mais on retrouve le même phénomène sur les cartes météo.
On voit ci-contre que si la France est soumise à toutes sortes d'événements météorologiques, le reste de l'Europe n'est soumis à aucun climat : il n'y pleut ni n'y pleut pas, il ne s'y trouve aucun nuage, mais le soleil n'y brille pas non plus, les températures y sont indéfinies. Seules ont trouvé grâce aux yeux du cartographe des détails non météorologiques, à savoir les frontières, d'État ou de province/région, on se demande pourquoi...
Le phénomène existe également sur les plans donnés par la télévision, le comble étant atteint par Arte qui donne, si je me souviens bien, des détails sur la France et l'Allemagne, tout le reste, y compris les espaces intercalés comme la Belgique ou la Hollande, étant laissé muet.

Surtout, ne circulez pas, il n'y a rien à voir à l'extérieur !
Plan d'arrondissement

Carte météo
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Décoration

10 septembre 2010
Ça m'intrigue

Un des volets d'une histoire qui fait actuellement grand bruit à la Une des gazettes repose sur une affaire de décoration : un Ministre en exercice serait intervenu pour faciliter l'octroi de la Légion d'Honneur à un homme d'affaires, lequel en avait manifesté le désir(*).
L'avocat du dit homme d'affaires estime que son client avait "une carrière et un âge conforme à l'octroi de la Légion d'honneur". Et on nous dit que c'est monnaie (!) courante, que les députés et ministres sont amenés très souvent à recommander de décorer tel ou tel(le).

J'avoue être un peu interloqué par cette histoire. Comme tout le monde évidemment, s'il s'avérait qu'il y a eu échange de services, par exemple versement à un fonds électoral. Mais aussi pour la raison suivante, plus générale : à quoi rime cette envie irrépressible d'être décoré?

On voit passer, dans les différentes "promotions" de l'année les noms de tout un tas de gens fort connus, ou fort puissants, ou fort riches, et un survol des listes de décorés montre qu'il s'agit généralement, et sauf quelques exceptions, comme celle concernant les soldats tombés au front, de gens déjà bien dotés par la société. Alors, on se demande bien ce qui peut les pousser à demander (car ça se demande, même si on ne peut le faire officiellement) à bénéficier d'une médaille. Et si ce que dit l'avocat ci-dessus est vrai, s'il suffit d'avoir la carrière et l'âge, il n'y a plus aucun mérite.
Officiellement, il faut pour être chevalier "au moins 20 ans d'activités assorties de mérites éminents." (pour l'ordre du Mérite, "au moins 10 ans d'activités assorties de mérites distingués")(**). J'aime la nuance entre "éminents" et "distingués".
Il n'y a pas d'avantage autre qu'honorifique à être décoré (sinon pouvoir demander que sa fille, petite-fille, ou arrière petite-fille soit admise dans une "maison d'éducation de la Légion d'honneur").
Coïncidence : Le Monde d'aujourd'hui titre : "La Légion d'Honneur : passion française". L'article ("Médailles sous influence", de Jérôme Fenoglio, p. 19) évoque l'ancienneté des soupçons de favoritisme dans l'attribution de la décoration, mais ne répond pas à la question que je pose ici : pourquoi tant d'engouement, pourquoi une telle "passion" ?

(*) Le Ministre l'exprime en une formule que je trouve délicieuse : "Il a bien voulu me faire part de son souhait d'être décoré de la Légion d'honneur". Ça ne s'invente pas !
(**) Voir la page questions-réponses de l'Ordre.

Légion d'honneur
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Masculin-Féminin

31 août 2010
Ça m'amuse

On connaît la blague, hélas révélatrice d'une certaine misogynie de la langue française, basée sur le principe : le féminin de certains noms de métier masculin désigne invariablement le plus vieux métier du monde. Exemples :
"Un gagneur, c'est un entrepreneur dynamique, une gagneuse, c'est ...", ou bien "Un courtisan c'est quelqu'un qui fréquente le roi, une courtisane, c'est ...", "un homme public c'est quelqu'un de très connu, une femme publique c'est ..." ; "Un homme qui fait le trottoir, c'est un cantonnier, une femme qui fait le trottoir, c'est ..."

Il se trouve qu'on peut généraliser le mécanisme à des domaines moins triviaux, où la féminisation d'un terme lui donne un sens très différent. En voici quelques exemples :
- Un batteur tape sur des tambours, une batteuse sépare le grain du blé,
- Un ouvreur s'élance le premier sur la piste de slalom, une ouvreuse vous place au théâtre,
- Un pointeur sert à désigner un point ou une direction ; une pointeuse permet d'enregistrer des horaires de travail,
- Un pleureur est une variété de saule, une pleureuse participe aux enterrements,
- Un chauffeur est un conducteur de véhicule, une chauffeuse est un petit fauteuil,
- Un rapporteur permet de mesurer les angles, une rapporteuse est une dénonciatrice,
- Un dépanneur est un garagiste sur le terrain, une dépanneuse est le véhicule dont il se sert,
- Un tireur est un utilisateur de fusil, une tireuse permet de soutirer un liquide,
- Un titreur est un appareil à mesurer la concentration d'un produit, une titreuse sert à fabriquer des étiquettes.

Bizarrement, ça marche surtout pour les termes en -eur... Cependant :
- Un plombier est un artisan, une plombière une glace aux fruits.
- Un marin est quelqu'un qui travaille su un bateau, une marine est une illustration liée à la mer.
- Un rat est un petit rongeur de la famille des muridés, une rate un organe.
- Un plat est un ustensile de salle à manger, une plate est un bateau.
- Un ru est un tout petit ruisseau, une rue est une artère urbaine.

J'ajoute que c'est sans doute parce que je relève du sexe masculin que j'ai présenté les choses de cette façon , on aurait pu, en effet, les présenter ainsi :
"la masculinisation d'un terme (féminin) lui donne un sens très différent".
Par exemple : "Une batteuse sépare le grain du blé, un batteur tape sur des tambours"

Vous en voyez d'autres ?



Mise à jour :
27 sept. 2010
Une amie me signale, de manière fort pertinente :
- Un navet est un légume (ou un mauvais film !), une navette est soit une pièce de métier à tisser, soit un véhicule faisant des va-et-vient...
À quoi j'ajoute :
- Un moufle est un ensemble de poulies permettant d'élever de lourdes charges ; une moufle est un gant épais sans doigts.

Fierté

03 juin 2010
Ça me navre
Habitant les Bouches-du-Rhône, j'ai souvent l'occasion de voir, sur des tee-shirts, ou collée à l'arrière des voitures, l'inscription "Fier d'être marseillais" parfois accompagnée du blason de l'équipe locale de foot, l'OM pour ceux qui l'ignoreraient. On voit également assez souvent l'équivalent concernant les ressortissants de l'Île de beauté. Cela concerne aussi bien d'autres particularismes, comme on peut en voir des exemples ci-contre...

Je dois avouer que je comprends mal l'utilisation de ce terme, "fier".

Que l'on soit content et heureux d'habiter telle ou telle ville, ou d'être originaire de telle ou telle région, où par exemple il ferait bon vivre, ou bien dont on trouverait les habitants particulièrement sympathiques, je veux bien.
Que l'on soit fier d'être champion quand on a effectivement joué, ou d'avoir pu être admis dans une école au recrutement particulièrement difficile, je le conçois.

Mais être fier d'une situation à laquelle on ne peut rien, pour laquelle on s'est contenté, pour répéter Beaumarchais, de naître, par hasard, au bon endroit, j'avoue que ça me dépasse un peu.

J'ai plus ou moins l'impression qu'ici, proclamer : "je suis fier" veut en fait dire : "je n'ai pas honte" ou, en tout cas, "je n'ai pas à m'en cacher".
Marseille
Corse
Noir
Français
Mise à jour :
2 avril 2011
"Pas honte" ? Je ne croyais pas si bien dire. Dans l'ouvrage de Mona Ozouf, Composition française (Gallimard, 2009), en grande partie consacrée à ce qu'inspire à l'auteur son enfance bretonne, je lis ceci (page 101 de l'édition Folio):
" Notre condition de Breton, nous le savons bien, nous n'avons eu que la peine de naître pour la trouver à notre berceau. C'est la part non choisie de l'existence, sa première et inéluctable donnée. (...) Et si le regard d'autrui s'avise de transformer ce cadeau original en tare, alors il nous faut choisir ce que nous avons subi, et retourner la honte en fierté."
Je ne suis pas certain que tous les possesseurs de ces autocollants aient tenu un tel raisonnement...


Mise à jour :
28 novembre 2013


Quand j'ai écrit ce billet, je ne connaissais pas l'humoriste étatzunien George Carlin. Or, dans un de ses sketches, il dit exactement la même chose, en l'appliquant à "Proud to be an american" et en l'étendant à "God bless America":
Voir par exemple ici. On peut aussi l'entendre et le voir sur d'autres sites, de qualité technique moyenne, mais souvent sous-titrés en français... C'est roboratif !

Variations

31 mars 2010
Ça me fascine
J'ai toujours été fasciné par l'identique dans le différent, le variable dans le fixe, l'un dans le multiple. D'où mon goût pour les manifestations concrètes de cette étrange indiosyncrasie. Quelques exemples...

Quand j'étais enfant, j'adorais jouer au jeu des 7 erreurs, celui où deux images apparemment identiques présentent quelque minimes modifications. Je n'avais de cesse de discerner la plus microscopique des différences cachées qui, une fois repérée, me sautait aux yeux, la plus difficile à trouver étant évidemment, où qu'elle fût, la septième.
J'ai toujours aimé les émissions du genre de la "Tribune des critiques de disques" (j'écoutais déjà celle dirigée par Armand Panigel) où de graves (pas toujours) critiques font assaut de subtilité pour juger des qualités respectives de diverses interprétations de la même oeuvre, qu'ils font entendre, les unes derrières les autres et qui sont parfois presque identiques ou, au contraire, presque méconnaissables.
Est-ce pour la même raison, parmi bien d'autres, que j'aime aussi le jazz, cette musique où, souvent, le même thème est traité, parfois de manière très différente, par divers musiciens à travers les années ou même les décennies. France-Musique présentait, il y a quelques années, une émission de ce genre appelée, je crois "Thème et variations" que j'essayais de ne jamais manquer, friand que j'étais de retrouver, sous des styles très divers, des grilles d'accord, un motif, un morceau de mélodie, identiques.
Est-ce aussi pour cela que j'ai, en musique classique, un goût particulier pour les mouvements dits "à variations", où le compositeur fait "varier" un thème unique via des transformations plus ou moins canoniques. Celles du dernier mouvement du 24° concerto de Mozart, par exemple, celles de la sonate à Kreutzer de Beethoven ou sur une valse de Diabelli, présentée ci-contre, les Goldberg de Bach, bien sûr, où le thème sa camoufle très profondément, ou la fameuse Truite, du quintette de Schubert.

Est-ce enfin le même penchant qui m'a fait m'intéresser, les visiteurs de ce site le savent bien, à la même histoire très simple, mais illustrée de manières extraordinairement diverses, par d'innombrables peintres à travers les siècles, l'histoire de l'Annonciation ?



Diabelli

Caméra cachée

27 février 2010
Ça m'interpelle
Vous souvenez-vous du 21 mai 1981 ? Fraîchement élu Président de la République, François Mitterrand, après avoir sacrifié au protocole habituel, s'était rendu au Panthéon dont il avait, deux roses à la main, parcouru la crypte. Passons sur le caractère plutôt bizarre de cette mise en scène qu'avec des amis nous avions alors qualifiée de "Camifienne".

On peut voir des extraits de cette cérémonie dans la deuxième moitié de cette vidéo, où le commentaire dit : "Il pénètre, seul, à l'intérieur du Panthéon".
Or, pour être ainsi filmé, le Président n'était assurément pas seul. Il devait être accompagné d'au moins une équipe de tournage plus ou moins étoffée sinon même, compte tenu de la disposition des lieux et de ce qu'on en voit, de plusieurs.
Il y a là un côté "caméra cachée" qui m'avait frappé à l'époque, et que je n'ai pas oublié. Car on y voit des plans très élaborés, parfois des gros plans, des zooms, des travellings, des éclairages sophistiqués, mais tout se passe comme si le Président était absolument seul dans cette crypte, face à son destin et aux tombeaux de Jean Jaurès et Jean Moulin.

Depuis, chaque fois que je vois au cinéma ou à la télévision, surtout dans des documentaires, une scène supposée se passer dans un lieu isolé, ou à l'insu de tous, j'essaie de me rappeler que si je vois ce que je vois, c'est qu'il y a, au minimum, en deçà de la scène filmée, quelqu'un que je ne vois pas, mais qui la filme...
caméra

Démonstration

5 février 2010
Ça m'épate
J'ai évoqué dans un billet maintenant assez ancien, Mathématiques pour tous, datant de mars 2006, la beauté que pouvaient avoir certains énoncés de mathématique, même de haut niveau...
Dans le même domaine, je voudrais également ici parler de beauté, mais d'une autre nature, celle que peuvent avoir certaines démonstrations, en tout cas celles qui sont accessibles au commun des mortels !
En voici une, à la fois très simple et très puissante, celle qui a trait à l'infinité de la liste des nombres premiers.
Je rappelle ici qu'un nombre premier est un nombre qui n'est divisible par aucun autre nombre que lui-même et "1". Un nombre "incassable" disait le mathématicien Erdös. La liste commence par 2 (1 est exclu), puis 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 39, 31, 37, etc. Cette liste est-elle infinie, ou au contraire existe-t-il un nombre premier qui soit le plus grand de tous ? La réponse se démontre très facilement.
Soit un nombre premier P, par exemple 17. Faisons le produit de tous les nombres premiers inférieures ou égaux à lui (2 x 3 x 5 x 7 x 11 x 13 x 17). Le nombre que nous obtenons, 510 510, n'est évidemment pas premier, puisqu'il est divisible par tous les nombres premiers précédents. Mais à ce résultat, ajoutons 1, soit 510 511. Ce nouveau nombre n'est alors divisible par aucun des nombres premiers précédents puisque le reste sera toujours 1, ce 1 que nous avons ajouté au produit.
Si celui-ci est premier, il est évidemment plus grand qu'aucun de ceux qu'on a utilisés pour le fabriquer, y compris P (ici 17) ; s'il ne l'est pas, alors il ne peut être que divisible par un nombre premier qui ne figure pas dans la liste, donc plus grand que 17. Celui-ci n'est donc pas le plus grand des nombre premiers. Comme on peut tenir ce raisonnement avec n'importe quel nombre premier (et en fait avec un nombre premier non déterminé), on est alors sûr que la liste des nombres premiers est infinie.
Et voilà !
Je suis frappé par le contraste entre la simplicité de cette démonstration, qui tient en quelques phrases, sa généralité, puisqu'elle fonctionne indépendamment du premier P que l'on envisage, et enfin sa puissance, puisqu'elle nous amène à l'infini. Elle a plus de 2 000 ans, pusqu'elle a été énoncée par Euclide à la fin du IVe siècle avant notre ère...

nombre-premier
Timbre émis par le Liechtenstein pour commémorer la découverte en 2001 du 39ème nombre premier de Mersenne, qui a 4 053 946 chiffres.


Mise à jour :
28 septembre 2014


La définition que je donne ci-dessus des nombres premiers est parfaitement exacte. Comment se fait-il, cependant, que je n'aie pas connu celle que je viens de trouver, par hasard, sur Internet, et dont la découverte m'a rempli de ravissement, tant elle est simple et synthétique. Elle a l'avantage, en plus, d'impliquer le fait que "1" n'est pas un nombre premier. La voici :
Un nombre premier est un nombre qui n'a que deux diviseurs disctincts.


Générosité ?

23 janvier 2010
Ça m'épate
Depuis hier, la presse ne tarit pas d'éloges sur la générosité du footballeur Thierry Henry, qui a déclaré vouloir faire un don important à Médecins sans Frontières au profit des sinistrés d'Haïti.
Magnifique générosité en effet : "Titi" a promis de verser la somme importante de 56 000 euros. Il a déclaré à ce propos, sur le site du F.C. Barcelone :
"Ca me touche de près parce qu'il y a 20 ans il s'est passé quelque chose de semblable en Guadeloupe et je sais ce que doivent vivre les Haïtiens. J'ai beaucoup d'amis là-bas. Haïti est une ex-colonie française. C'est comme si c'était des cousins. Il faut les aider. Je sentais que je devais faire quelque chose. C'est pour ça que j'ai décidé de faire un don à Médecins sans frontières".
Merci...

Euh, mais, au fond, merci pour quoi ? On sait qu'Henry est loin d'être dans la misère. Voir par exemple cet article du Point du 31 mars dernier où l'on apprend qu'il gagne en un an environ... 17 millions d'euros, primes comprises. Cela fait 46 565 euros par jour. Ce qu'il donne aux Haïtiens correspond donc à un peu plus de 24 heures de ses revenus !

Et puis, était-il obligé de le crier sur les toits ? Il risque d'ailleurs, tous comptes faits, si d'autres se mettent à tenir le même raisonnement que moi, de se voir reprocher sa... pingrerie !

Thierry Henry
Droits réservés

Sicilienne

7 janv. 2010
Ça m'enchante
Il ne va pas s'agir ici d'une charmante Tarentaise ou d'une belle Syracusaine, mais bien d'une forme musicale, issue d'une danse dont on ne sait même pas si elle est vraiment venue de Sicile ! En tout cas, il s'agit de morceaux au tempo relativement lent, rythmés à 6/8 ou 12/8, et que l'on retrouve tout au long de deux siècles de musique européenne. J'ai toujours beaucoup aimé le balancement un peu syncopé de cette danse, dont voici quelques exemples, parfois fort connus.

Premier exemple, la sicilienne qui sert de troisième mouvement, intitulé "La Paix", à la Musique pour les Feux d'artifices Royaux de Haendel (1749) et dont on trouvera le début ici interprété par John Eliot Gardiner et ses English Baroque Soloists en juin 1983 pour Decca.

Autre exemple, le magnifique mouvement lent (Adagio) du concerto n° 23 K488 de Mozart, dont voici le début, sous les doigts de Jos van Immersel à la tête d'Anima Eterna, 1991.
De Mozart toujours, le thème du dernier mouvement (à variations) du quatuor K421, ici par le Quatuor Alban Berg.

Pour finir ce survol, écoutez-donc (et regardez) ce qui se passe ici : une autre sicilienne, qu'a composée Gabriel Fauré en 1898, partie de sa musique de scène pour Pelléas et Mélisande, et que jouent ici Luke S. Pomorski au violoncelle et Ross Ingliss au piano.


Màj 10 déc. 2012

J'avais oublié la douce sicilienne qui constitue le deuxième mouvement ("alla siciliana") du concerto pour clavier BWV 1053 de JSB. On peut l'écouter ici, par Christine Schornsheim, Burkhard Glaetzner et le New Bach Collegium Musicum Leipzig.

Réunification ?

9 novembre 2009
Ça m'agace
On célèbre aujourd'hui le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, et l'on ne va pas tarder à fêter celui de la réunification allemande. Cela me donne l'occasion de me pencher sur ce terme de "réunification".
Si on se souvient bien, en octobre-novembre 1989 était lancé un processus1 qui devait aboutir l'année suivante à la "déclaration unilatérale d'adhésion au domaine d'application de la loi fondamentale par un Land allemand", votée le 22-23 août 1990 par la Chambre du peuple de RDA.
Les modalités concrètes de l'application de cette décision "d'adhésion" font qu'en fait la RDA décidait de se fondre dans la RFA.

Quasiment rien de ce qui faisait les structures d'organisation de l'ex-Allemagne de l'Est n'a été conservé dans le nouvel État, à quelques exceptions près, dont la législation sur l'avortement. Tout le reste, y compris un régime social plutôt avancé, a été rapidement aboli, et ramené à l'aune de l'Ouest, l'exemple le plus voyant étant celui de la monnaie.
Si quelques institutions de l'Est ont été fusionnées avec les institutions correspondantes de l'Ouest (postes, chemins de fer), la plupart ont été purement et simplement dissoutes pour faire place à leur équivalent occidental (armée, transport aérien, réseau berlinois de transport, fédérations sportives, communautés territoriales, alliances extérieures, et bien sûr monnaie).
Un des rares points où c'est l'Est qui l'a emporté concerne la capitale, Berlin !

Le terme "réunification", utilisé, au moins en français, sans autre réflexion, me paraît alors assez peu adapté, sinon même erroné. Il serait plus justifié et conforme à la réalité historique d'utiliser sinon "annexion" de l'une par l'autre, du moins, comme le fait en passant Wikipédia "intégration" de l'une dans l'autre.

1. On en trouvera ici un résumé très complet, par Hélène Miard-Delacroix, prof à la Sorbonne - Paris IV.





Sous-titres

19 octobre 2009
Ça me stupéfie
Je dînais l'autre jour chez des amis, et nous discutions cinéma. La conversation en était venue je ne sais comment au sous-titrage, et un des enfants de la famille m'a dit alors que ça m'était facile de préférer les films en version originale sous-titrée aux films doublés, puisque j'étais "bon" en anglais.
Je lui ai alors demandé s'il se rendait compte de l'absurdité de sa remarque. Devant son air interloqué, j'ai insisté, en soulignant le fait que ce qu'il disait était parfaitement illogique. Il ne comprenait toujours pas.
Je lui ai donc expliqué que, bien que ne saisissant pas tout, je pouvais effectivement suivre globalement l'intrigue et les dialogues d'un film dans la langue de Shakespeare (ou d'Obama). Il avait l'air satisfait quand j'ai ajouté qu'en revanche, je ne comprenais pas grand chose à un film en italien ou en espagnol, presque rien à un film en arabe, et strictement rien pour le japonais, le chinois, l'israelien, l'allemand, le suédois, le russe, le tchèque, le coréen, l'hindi, l'ourdou, etc., mais que ça ne m'empêchait pas de préférer les voir aussi en VO sous-titrée.
J'étais stupéfait qu'on ne puisse pas imaginer qu'un film étranger puisse être dans une autre langue que l'anglais...
Le fils de mes amis a reconnu (l'air convaincu, mais vaguement étonné) qu'il pouvait effectivement exister des films dans de telles langues, se demandant sans doute qui avait envie de les voir. Peut-être était-il comme une de mes cousines qui m'a dit un jour ne voir exclusivement que des films "américains", pour la plupart, ai-je fini par comprendre, des films d'action. Inutile de dire qu'elle ne les voit qu'en version doublée.
Je comprends parfaitement qu'on puisse préférer les versions doublées aux VOST, mais ce n'est pas une question de langue.
Logo d'une des plus importantes entreprises de sous-titrage...
© Titra-film

Bonjour, je suis bien chez M. Giangi ?

15 oct. 2009
Ça m'énerve
C'est ce que j'entends assez régulièrement (si l'on remplace ici mon surnom par mon véritable patronyme) quand une sonnerie me convoque au téléphone... Au premier abord, je suis un peu désarçonné, et je réponds le plus souvent :
"Qui est à l'appareil" ou "De la part de qui ?"
Là, deux hypothèses : soit mon interlocuteur (qui est le plus souvent une ...trice) insiste : "Est-ce que je pourrais parler à M. Giangi ?" ; soit il(elle) décline une identité commerciale qui varie entre la cuisine et l'assurance-vie. J'ai même eu droit un jour à un véritable interrogatoire d'identité, parce que je refusais de confirmer que j'étais bien M. Giangi avant qu'on me dise qui m'appelait.

Et là, je peste. Je peste parce que j'attends un coup de fil important (pas celui-là, évidemment), parce que je suis en train de faire autre chose de bien plus agréable, parce que j'ai été tiré d'une occupation prenante, ou bêtement parce que je suis en train de manger...
Je peste aussi, parce que ce genre de harcèlement m'arrive entre 5 et 10 fois par semaine...
Mais mon interlocuteur(rice) n'en a cure. L'autre jour, j'ai argué que la sonnerie m'avait tiré de ma douche, ce qui était (presque) vrai. Il m'a été répondu tout uniment par un : "Mais comment est-ce que je pouvais le savoir ?" qui m'a laissé sans voix.
Plus récemment, j'ai été ainsi tiré de mes occupations à près de 22h. Comme je commençais à émettre un début de protestation sur le caractère tardif de l'appel, il m'a été fait une réponse prétendument sans appel : "Je travaille, moi !"
Cet argument présente toutes les apparences de l'irréfutabilité : devant le nombre de chômeurs, comment ne pas s'incliner devant quelqu'un qui a fait l'effort de se bouger, et qui gagne sa croûte en téléphonant aux gens à des heures où ceux-ci (moi !) sirotent leur apéritif.
Mais on peut aussi se dire que ceux qui ne travaillent pas, à ce moment-là, le font à d'autres moments, qu'un métier dont un des aspects consiste à impliquer l'activité d'autres personnes sans leur demander leur avis est pour le moins bizarre, et que le fait de travailler ne donne pas tous les droits.

Il y a plusieurs stratégies pour contrer ces importuns :
- La grossière et inutile : raccrocher brutalement.
- La sadique et inutile : faire aller l'importun(e) jusqu'au bout de son argumentation, aussi longue soit-elle, avant de déclarer qu'on n'était, depuis le début, pas du tout intéressé et qu'on lui a fait, délibérément, perdre son temps. Variante : poser le combiné sans raccrocher et vaquer à ses occupations jusqu'à ce qu'à l'autre bout on se lasse de n'avoir aucune réaction.
- L'hypocrite et inutile : "Ah non, il n'est pas là. Je peux lui faire une commission ?"
- La légaliste (et inutile ?) : demander où l'appelant a trouvé le numéro en question, et lui indiquer (ce qui est mon cas) qu'on a fait inscrire dans l'annuaire le pictogramme "Opposé au marketing direct" :
- La pédagogique (et inutile ?) : expliquer que c'est toujours mauvais pour une image de marque de risquer de mécontenter ainsi un client potentiel.
- La pédagogique (et utile ?) : dire qu'on est actuellement occupé, et demander poliment à son interlocuteur(trice) son numéro privé pour le(la) rappeler à son domicile plus tard dans la soirée...
- La stratégique (et utile ?) : faire décliner, puis épeler la raison sociale de l'entreprise qui a fait appeler pour déclarer ensuite qu'on va donc l'inscrire sur sa propre "liste rouge" des entreprises auxquelles on ne fera plus jamais appel.

Je trouve marqué au coin du bon sens ce texte préparatoire de l'Assemblée Fédérale suisse (mars 2007), dont je ne sais s'il a été finalement adopté :
"La publicité fait partie de l'économie de marché. Cependant, elle ne doit pas pénétrer dans la sphère privée de l'individu. Il doit être possible de lui échapper au moins chez soi. Le démarchage téléphonique est une forme particulièrement invasive de publicité directe. Les autres formes (publipostage, e-mails) sont plus faciles à gérer puisqu'on peut s'en débarrasser dès qu'on le souhaite. Lors d'un appel publicitaire, c'est au contraire le démarcheur qui impose le moment auquel le client devra réagir."
CQFD



Mise à jour :
31 oct. 2009


Je viens d'apprendre qu'en France on peut s'inscrire gratuitement sur des "Listes Anti-Prospection" (chez France-Telecom la "Liste orange") à propos desquelles le site de la CNIL m'informe qu'une personne ou une société qui outrepasserait cette restriction serait passible d'une amende de 750 euros par appel !
Cela dit, j'ignore comment sont payées (combien, je m'en doute, très peu, d'autant que les centres d'appel sont souvent situés dans les pays dits émergents) les dames qui me téléphonent : à l'appel, au temps passé, au contrat emporté ? Je ne sais...

Mise à jour :
09 nov. 2009


Une de mes correspondantes favorites me glisse une autre méthode, qu'elle a trouvé ici. C'est sous-titré, mais en anglais. Désolé pour les non anglophones. En tout cas c'est fort drôle !

Ô Toulouse !
11 sept. 2009
Ça me fait poiler

Le ridicule ne tue pas, heureusement, même en anglais.
Voilà-t-y pas que je lis dans le Monde d'hier un point de vue signé d'un membre de la "Toulouse School of Economics". Je crois rêver. Une rapide recherche m'apprend que :
Une nouvelle étape a été franchie en 2007 avec la création d’un label, l’école d’économie de Toulouse ou «Toulouse School of Economics» (TSE) rassemblant sous une même dénomination ces économistes, qui possèdent en commun l’excellence académique. Cette école dispose du soutien de l’Université de Toulouse 1 dont elle occupe les locaux, du CNRS, de l’INRA et de l’EHESS. Elle regroupe plus de 100 chercheurs...
Déjà qu'on n'y causait plus beaucoup occitan, d'après ce qu'on me dit, dans la Ville Rose, voilà qu'on n'y parle même plus français...
Ça me rappelle une information que j'avais vue dans le même Monde des livres, le 3 avril 2009, une recension du livre Insurrections ! en territoire sexuel, de Wendy Delorme, avec la citation :
« Maintenant, on ne dit plus (...) "partouze" mais "sex-party" (...) parce que changer de langue ça déplace un peu les relents de honte qui nous remontent, à prononcer les choses "qui ne se font pas". »
L'économie fait-elle partie des "choses qui ne se font pas" ? On pourrait le croire...
En tout cas, les mânes de Claude Nougaro doivent frémir, lui qui pourtant ne détestait pas l'anglais, mais l'utilisait dans son contexte, par exemple celui du jazz...

Mise à jour :
17 sept. 2009


Toujours dans Le Monde, d'avant-hier, en page 19, dans la colonne "Elles et Ils", rubrique entreprise, une notule concernant une certaine Estelle Gilbert, récemment nommée directrice marketing et communication de Sony Ericsson France. Elle occupait précédemment, nous dit-on, chez Sony France, les fonctions de "Retail channel manager". Aucune idée de ce que ça peut bien recouvrir...
Mise à jour :
28 sept. 2009
Encore dans Le Monde, hier, en page 3 du cahier Économie, un papier signé Emmanuelle Auriol, déclarée membre de "L'École d'économie de Toulouse". Ouf !

Pantalon
10 sept. 2009
Ça m'exaspère

Parmi d'innombrables organes de presse, je choisis un peu au hasard l'information donnée par le Devoir, de Montréal, le 9 septembre 2009 :
Incarcérée pour avoir porté le pantalon dans un lieu public, la journaliste soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein a finalement été libérée. Celles qui l'avaient accompagnée dans un restaurant, toutes en pantalon, ont subi les foudres de la charia. En clair, elles ont été fouettées. Combien de fois? Dix coups chacune. Elles étaient 11 en tout.
Au début du mois de juin dernier, le président Obama avait prononcé au Caire un discours remarqué sur les rapports entre les États-unis et les pays musulmans, où il disait entre autre :
... C'est pour cette raison que le gouvernement des États-Unis a recours aux tribunaux pour protéger le droit des femmes et des filles à porter le hijab et pour punir ceux qui leur contesteraient ce droit. (...)
De même, il importe que les pays occidentaux évitent d'empêcher les musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, par exemple, en dictant ce qu'une musulmane devrait porter. (...)
Je rejette l'opinion de certains selon laquelle une femme qui choisit de se couvrir la tête est d'une façon ou d'une autre moins égale, mais j'ai la conviction qu'une femme que l'on prive d'éducation est privée d'égalité.
On peut avoir des opinions bien différentes sur son appréciation de ce qui se passe dans un certain nombre de pays, en particulier la France, eu égard à l'habillement des femmes musulmanes dans certaines circonstances.
Mais on aurait aimé qu'il ajoute à ces phrases, ainsi qu'à beaucoup des sages paroles qu'il a prononcées, en particulier sur la liberté religieuse, une affirmation plus complète de celle-ci, comprenant la liberté de pratiquer sa religion comme on l'entend (et donc pour une musulmane, de s'habiller comme elle le veut), et éventuellement de ne pratiquer aucune religion, sans avoir à s'en cacher.
Cette liberté-là est loin d'être respectée partout, en particulier dans un certain nombre de pays musulmans, dont la population totale dépasse plusieurs centaines de millions d'individus.

Je n'ai pas eu vent d'une réaction récente de Barack Obama ou de son gouvernement au sujet de ce qui arrive à Loubna Ahmed al-Hussein...

Photo : AFP/Ashraf Shazly
La couverture du document tenu par la journaliste porte le mot arabe pour "Liberté"

Mise à jour :
16 sept. 2009


J'ai connu Francis Marmande d'un humour mieux inspiré, lui qui représente une des dernières raisons que j'aie de lire Le Monde.
En page 2 du numéro du 16 septembre, dans sa "chronique" hebdomadaire, il revient sur l'affaire de Loubna ("Tout le monde l'appelle désormais Loubna" : en effet) et ne trouve rien de mieux que de calculer à combien d'euros équivaut un coup de fouet ("ou de bâton" ajoute-t-il) et de rappeler qu'en France la loi qui fait interdiction aux femmes de porter un pantalon n'est pas abrogée.
Dommage qu'il ne nous informe pas de la peine qu'encourrait ici une éventuelle contrevenante... Bâton ou fouet, Francis ?

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