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Humeurs 2007-2008...


Et voici la saison 2007-2008 de mes humeurs, la troisième. Le temps passe...
Je continue à m'y laisser aller au plaisir de lancer des bouteilles à la mer en parlant de diverses choses : des qui m'agacent, des qui m'épatent, des qui m'remuent, qui m'intriguent, me terrifient, m'enchantent ou me font poiler. Et, comme par le passé, je me laisse la liberté d'en rajouter de temps en temps, sur telle ou telle humeur passée, la chose étant signalé par un "MàJ" daté dans la marge...

Les humeurs de cette saison :
- 11 juillet 2008 : Monsieur First Man
- 9 juillet 2008 : Pris à la pompe
- 24 juin 2008 : Menaces de campagne
- 31 mai 2008 : No logo ?
- 26 mai 2008 : Genre des lieux
- 21 mai 2008 : Tics de langage
- 29 avril 2008 : La grande illusion
- 13 avril 2008 : Mystères de l'actualité
- 6 mars 2008 : Silences de la météo"
- 28 fév. 2008 : Parlez-vous doublé ?"
- 8 fév. 2008 : Selon "les scientifiques"
- 28 janv. 2008 : Articles
- 18 janv. 2008 : Annonciations (4)
- 28 déc. 2007 : L'enfer de l'information
- 18 déc. 2007 : Zodiaque
- 12 nov. 2007 : "Guillemets"
- 30 oct. 2007 : Vous avez dit "absurde" ?
- 16 oct. 2007 : Bandes sons
- 4 oct. 2007 : Anglais obligatoire
- 15 sept. 2007 : Devises idiotes

- Les humeurs de l'année dernière... (2006-2007)
- Les humeurs de l'année précédente... (2005-2006)


Monsieur First Man

11 juillet 2008
Ça m'épate

L'annonce est parue dans la presse (je l'ai vue dans Le Monde du 10 juillet) : il s'agit d'une pétition pour sensibiliser l'opinion au fait que "500 000 femmes meurent chaque année en accouchant". Il s'agit en effet d'un problème très grave, et on trouvera plus de détails sur le site de l'organisation qui en a pris l'initiative : http://www.whiteribbonalliance.org.

Cette pétition est cependant assez curieuse. L'idée était de supposer que, les chefs d'État étant des hommes, ils seraient moins sensibles au problème que des femmes, et qu'il serait donc plus efficace de s'adresser à leurs épouses. L'ennui, c'est qu'il y a des exceptions, en tout cas une.
Ce qui fait que, dans sa version française, la pétition commence ainsi :
     « Mesdames les Premières Dames (et Monsieur "First Man") »
Je passe sur l'expression "Première Dame" que j'ai toujours trouvée parfaitement ridicule (et qui est une importation étatsunienne directe) : même si je n'ai (éventuellement) pas voté pour lui (ou elle), j'ai participé au vote qui a mené à l'élection de l'actuel président français. Je n'ai en revanche jamais eu à choisir (ou pas) sa femme, d'autant qu'il en a changé entre temps ! Alors, Première Dame, non merci...
Mais il y a encore mieux, avec ce "First Man" qui lui, est resté en anglais : "Premier Homme" aurait eu un air d'Adam ou de Néanderthal, on en est donc, piteusement, resté là... On peut se douter d'ailleurs de son identité, il est cité plus bas, de manière toute aussi contournée :
     « et si vous l'acceptez, très respectueusement à vous également Herr Sauer ».
Ce dernier est évidemment l'époux de Mme Merkel, considéré donc ici comme une sorte de "Première Dame" au masculin ! (Cela est d'ailleurs si vrai que lors d'un discours le 1er mai dernier N. Sarkozy avait plusieurs fois salué Joachim Sauer par "Monsieur Merkel", donnant ainsi au second mari de la Chancelière le nom du premier époux de celle-ci !)
Bref, la pétition demande à ces conjoints de tous sexes : « Faites tout ce qui est en votre pouvoir, pour que ce sujet devienne prioritaire sur l'agenda politique de la personne avec laquelle vous vivez » cette dernière formule ayant pour but sans doute, de ne pas exclure d'éventuelles unions libres au sommet de l'État !

La pétition est signée Gwyneth Paltrow, Yoko Ono, Christine Ockrent, Annie Lennox, Claudie Haigneré, Lady Lynn Forester de Rothschild et autres célébrités. Ce qui est curieux, c'est que sur le site de l'association, on trouve trace d'une pétition analogue adressée celle-ci non aux conjoints, mais directement aux "Dear Global Leaders".

Tout cela me rappelle un peu ce que je disais en septembre 2006 des conjointes de Chefs d'État, dans une autre humeur, Madame G8...



Au milieu des chefs d'État (ici, au G8 2007), repérez les Premières Dames et le First Man !


Pris à la pompe

09 juillet 2008
Ça m'interloque

Il y a parfois des logiques politico-économiques qui me laissent perplexe.

Un certain nombre de professions, en ce moment, souffrent de l'augmentation du prix des carburants, et on les comprend.
Là où je comprends moins, c'est quand ces professions demandent une détaxation des dits carburants. On pourrait penser que, face à l'augmentation d'un des éléments de leur prix de revient, elles procèdent à une augmentation correspondante de leurs tarifs. La chose peut paraître difficile pour les agriculteurs, qui ne sont pas vraiment maîtres du cours des produits agricoles, ni pour les pêcheurs, confrontés en plus à des problèmes d'épuisement des ressources. Elle semble en revanche logique pour les transporteurs routiers, ou pour les taxis, et elle n'aurait rien de scandaleux, même avec une éventuelle répercussion sur l'inflation.

Or on n'entend nulle part parler de cette solution, pourtant conforme à la logique économique libérale de "vérité des prix" qui anime aussi bien le gouvernement français que la commission européenne, et qui d'ailleurs l'avantage d'obliger à une réflexion plus concrète sur des solutions alternatives de transport, moins gourmandes en énergie...
Affaire de lobbies ?




Menaces de campagne...

24 juin 2008
Ça m'abasourdit

La campagne pour les élections à la Présidence des États-Unis me semblent parfois se dérouler sur une autre planète...

Pendant la période de désignation du candidat démocrate, fin avril, une controverse avait surgi entre les deux adversaires à propos de ce qu'il conviendrait de faire dans l'hypothèse où l'Iran lancerait une attaque nucléaire contre Israël.
L'une avait dit qu'il faudrait alors "effacer l'Iran de la carte", à quoi l'autre avait réagi en l'accusant de prendre une position proche de celle de G. W. Bush.

Ce qui m'épate, cependant, c'est l'évocation de cette hypothèse, et d'aucune autre : car, que je sache, c'est Israël, présenté ici comme éventuelle victime qui, de notoriété publique, et malgré des dénégations ni très convaincantes, ni d'ailleurs très convaincues, possède l'arme nucléaire, alors que l'Iran (éventuel agresseur) ne la possède pas (en tout cas pas encore, et pas dans l'immédiat).
Par ailleurs, ces dix dernières années, que je sache également, de ces deux nations, et malgré des déclarations très violentes de la part de Téhéran, ce n'est pas l'Iran qui a eu l'attitude la plus concrètement agressive envers ses voisins...

On a souvent l'impression que les USA ne peuvent considérer le Moyen-Orient que comme peuplé de bons cow-boys et de mauvais indiens et, compte tenu de la complication de la situation dans la région et des dangers qu'elle recèle, cette attitude systématique et qui ne fait jamais débat donne un peu froid dans le dos.






No logo ?

31 mai 2008
Ça m'épate

L'actrice Sharon Stone aurait déclaré lors d'une interview à Cannes à propos du tremblement de terre en Chine qu'il pouvait être dû, je cite Le Monde du 30 mai, à "un mauvais karma" en raison de la politique de Pékin au Tibet.

Je ne sais si l'indignation a secoué les dirigeants chinois mais elle a suscité en tout cas "de vives critiques (...) en particulier dans la blogosphère"... Je ne sais pas non plus si l'administration Bush a jugé utile de rectifier le tir.
En tout cas, l'actrice a fini par présenter ses excuses.

En fait, les regrets de Mme Stone ne sont justifiés que par une seule raison : elle est sous contrat pour la maison Christian Dior, laquelle s'est sentie fort embarrassée et obligée de faire une déclaration alambiquée selon laquelle elle s'inscrit "en faux contre ses remarques à l'emporte-pièce, irréfléchies" et est opposée "à toute remarque qui pourrait heurter le peuple chinois". Elle a du même coup décidé "d'annuler immédiatement toutes les publicités, les campagnes de marketing et les activités commerciales" impliquant Sharon Stone.

Ce qui m'épate ici c'est l'intervention en tant que telle sur la scène internationale d'une société privée, et la servilité dont fait preuve l'actrice (même si sa déclaration appuyant les Tibétains était quelque peu maladroite). Un individu ne relève plus de son pays d'origine mais de la société qui l'emploie...

Le politiquement correct triomphe sous toutes les latitudes, sauf qu'il s'agit de plus en plus du commercialement correct...




Genre des lieux

26 mai 2008
Ça m'intrigue

Bar des Platanes, Résidence "Les Glycines", cinéma Rialto, à chacun de ces lieux son fondateur, propriétaire, promoteur, a choisi de donner un nom, il l'a volontairement baptisé, pour l'identifier aux yeux de ses utilisateurs.
Mais ces noms ont souvent un comportement générique assez bizarre, un nom a priori féminin étant très souvent doté d'un article au masculin. Quelques exemples :

Il y a à Paris rue de Rennes un café-restaurant appelé "Le Cassette". Non, pas "La Cassette", mais bien "Le". Pourquoi ? Sans doute parce qu'il s'agit d'un café restaurant et non, par exemple, d'une brasserie... Mais alors, qu'est-ce que cette cassette ? Tout simplement le nom de la rue qui rejoint en cet endroit la rue de Rennes, en l'occurrence la rue Cassette.
Sortant du train de nuit à la gare de Lyon, j'ai souvent été prendre mon petit déjeuner à la brasserie en face, appellée "Brasserie l'Européen" et j'ai un jour bu un citron pressé à Cassis, à la brasserie... "Le Cendrillon".
Les exemples sont légion : l'hôtel "Le Régence" à Paris, mais aussi un restaurant du même nom en Isère, ou de nouveau un hôtel à Arles, le restaurant "Le Madeleine" à Verneuil-sur-Avre, en Normandie, comme on le voit ci-contre, mais aussi un autre situé 403 west 43rd street à... New York, ou (ci-contre) l'hôtel "Le Provence", à Gémenos.

Il n'y a pas que les troquets. On trouve souvent ce genre de bizarrerie de genre dans les noms d'immeubles ou de résidence. Il se trouve à Manosque une résidence intitulée "Le Jeanne d'Arc", ce qui ouvre des horizons historiques inattendus, et j'ai vu pas très loin de chez moi un immeuble appelé "Le Provence"...

Par ailleurs, ce symptôme semble toucher également les salles de cinéma, mais de manière moins systématique. On trouve en effet le cinéma "La Salamandre" à Morlaix ou "La Bobine" à Bréal, mais "Le Bretagne" à Quimper comme à Guichen (photo ci-contre), "Le Sévigné" à Cesson (mais s'agit-il de la marquise ?), "Le France" à Saint-Etienne...

Ce qui est frappant, c'est qu'il s'agit toujours de masculinisation. Je n'ai pas trouvé d'exemple inverse.


Tics de langage

21 mai 2008
Ça m'amuse

Les tics de langage sont une source d'amusement qui doit remonter à la plus haute antiquité...
Actuellement, la formule qui revient souvent est : "J'ai envie de dire" (ou plutôt "J'ai envie d'dire"), qui est d'ailleurs une spécialité de Marie-Georges Buffet, ou "Je dirais que", qui est employé très souvent... Dans les deux cas, après l'envie (ou malgré le conditionnel), la chose est finalement dite. Le même verbe est employé également, avec semble-t-il un sens un peu restritif, dans deux formes voisines : "Disons" ou "On va dire", après un nom ou un adjectif : "Il s'est montré, euh, incorrect, on va dire"...
Quant aux "djeunz", beaucoup ne peuvent commencer une phrase sans la faire précéder de "En fait", formule rectificative qui semblerait vouloir ramener à un sujet principal qui n'a (en fait !) pas été évoqué. J'ai eu à tenir un poste d'accueil et de renseignements dans une bibliothèque universitaire, et quasiment tous les étudiants s'adressaient à moi en proclamant d'emblée, et sans aucune raison :"En fait, je voudrais savoir..."

Mais j'écoutais l'autre jour une émission de France-Musique qui donnait la parole à François Mauriac, dans une archive maintenant assez ancienne. J'ai été frappé par le fait que le vieil écrivain entrelardait toutes ses phrases de la formule : "Si vous voulez". "La musique de Beethoven, si vous voulez, ...", "Jacques Rivière, si vous voulez..."
Je me suis alors souvenu d'un de mes profs, de la génération suivante, dont la formule de remplissage était : "N'est-ce pas", qu'il employait à peu près tous les dix mots, ce qui évidemment entraînait dans son auditoire force fou-rires et lazzis.


La grande illusion

29 avril 2008
Ça me stimule

- Du temps de nos ancêtres, un homme est né d'une vierge sans l'intervention d'un père biologique.
- Le même homme sans père a appelé pour le faire sortir de sa tombe un ami du nom de Lazare qui était mort depuis suffisamment longtemps pour qu'il sente mauvais, et Lazare est aussitôt revenu à la vie.
- Cet homme sans père est lui-même redevenu vivant après être mort et avoir été enterré pendant trois jours.
- Quarante jours plus tard, l'homme sans père est monté au sommet d'une colline et il a disparu avec son corps dans le ciel.
- Si vous murmurez des pensées dans le secret de votre tête, l'homme sans père, avec son "père" (qui est aussi lui-même), entendra vos pensées (...).
- Si vous faites quelque chose de mal ou quelque chose de bien, le même homme sans père voit tout, même si personne d'autre ne le voit. Vous pouvez être récompensé ou puni en conséquence, même après votre mort.
- La mère vierge de l'homme sans père n'est jamais morte, mais est montée au ciel avec son corps par "assomption".
- Le pain et le vin, s'ils sont bénis par un prêtre, (qui doit avoir des testicules) "deviennent" le corps et le sang de l'homme sans père.

Qu'est-ce qu'un anthropologue objectif ferait de cet ensemble de croyances s'il tombait dessus pour la première fois au cours d'un travail de terrain à Cambridge ?

Extrait (pp. 188-189) de la traduction française de l'ouvrage ci-contre, que je viens de finir, et qui a été une de mes lectures les plus roboratives de ces derniers mois : au-delà de cette anecdote ironique, ce livre explique pourquoi l'hypothèse Dieu est la plus invraisemblable qui soit, et comment ses applications concrètes ne tiennent pas debout...
Enfin quelqu'un qui raisonne sainement, avec bon sens, et qui plus est avec humour.
J'ai particulièrement été frappé de ce qu'il dit de l'endoctrinement religieux des enfants...



Richard Dawkins. Pour en finir avec Dieu. Robert Laffont, 2008, 425 p.


Mystères de l'actualité...

13 avril 2008
Ça m'intrigue

Il y a parfois dans l'actualité des "trous" un peu inexpliqués, des questions non résolues, des mystères sans solution, qui ne semblent pas avoir excité outre mesure la curiosité des média...
Ces derniers jours, j'en ai repéré trois.

1. Le "Ponant", comme on le sait, est un gros voilier de croisière (et de luxe), dont les occupants ont été pris en otage le 4 avril par des pirates à l'entrée du golfe d'Aden.
Ils ont été libérés une semaine plus tard, suite à une opération de la marine française, et vont être bientôt rapatriés. Il s'agit de 30 "membres d'équipage". Je trouvais étrange qu'on ne parle que de l'équipage, mais on apprend effectivement que le yacht remontait des Seychelles "sans passager".
Alors, je m'étonne un peu qu'un tel bâtiment de luxe, avec un équipage d'une trentaine de personnes, se promène ainsi à vide...
J'ajoute aussi qu'il est un peu bizarre que les commandos français aient pu intervenir ensuite sans encombre sur le territoire d'un État souverain pour capturer les ravisseurs. Je sais bien que la Somalie est plus ou moins en guerre civile, en ce moment, mais quand même...

2. D'après une étude réalisée à la demande de la commission des finances de l'Assemblée Nationale, le nouveau dispositif concernant les heures supplémentaires dans le cadre du principe "travailler plus pour gagner plus" a eu une efficacité très limitée. De plus, d'après ce rapport, cette mesure coûte plus cher à l'Etat (4,1 milliards d'euros) qu'elle ne rapporte en pouvoir d'achat aux salariés (3,78 milliards).
Alors là, une question me taraude, que je n'ai pourtant vu posée par personne dans les médias : où passe donc la différence, qui n'est quand même pas négligeable (0,32 milliards d'euros) ?

3. Dans le cadre de la gestion transparente des "réformes", nous avons appris successivement que la Carte Famille nombreuse était supprimée, au profit d'offres commerciales de la SNCF, puis qu'elle était rétablie, puis que ce serait à la charge de la Compagnie, puis finalement que l'Etat la garantirait, enfin que la SNCF rembourserait l'État...
J'avoue ne pas avoir vraiment saisi la logique de cette dernière solution. Avant, la SNCF se faisait rembourser les montants correspondants, ce qui était logique dans le cadre d'une politique imposée par la puissance publique en faveur de la famille ; si j'ai bien compris, maintenant, elle ne pourra plus le faire. En tout cas, la soution sarkozyenne a été que d'une part l'Etat continuera à la prendre en charge, mais que d'autre part la SNCF reversera à l'Etat, en contrepartie, des dividendes supplémentaires. Comprend qui peut...















Silences de la météo

6 mars 2008
Ça m'effraie

Météo-France nous avertit fort diligemment quand des "phénomènes météo dangereux" sont susceptibles de se produire.

L'organisme publie en ces circonstances sur son site une carte dont on trouvera un exemple ci-contre (6 mars vers 21 h 30).
Cette carte classe la gravité des dits phénomènes en quatre niveaux, représentés par des couleurs : vert (tout va bien, "pas de vigilance particulière."), jaune ("soyez attentifs..."), orange ("soyez très vigilants, des phénomènes dangereux sont prévus..."), rouge ("une vigilance absolue s'impose, des phénomènes dangereux d'une importance exceptionnelle sont prévus...").
La carte ajoute, pour chaque département éventuellement concerné, un petit pictogramme censé représenter le type de danger dont il convient de se méfier : vent violent, pluie-inondation, orages, neige-verglas, grand froid, avalanches : reproduction ci-contre. On peut ainsi visualiser rapidement quel type de problème on risque de rencontrer à tel ou tel endroit. Un clic sur un département ouvre une nouvelle fenêtre donnant quelques détails supplémentaires. Tout va bien. Sauf...
Sauf quand la couleur est jaune : dans ce cas, aucun pictogramme, comme on peut le constater sur la carte ci-contre, et le clic supposé salvateur ouvre une page peu loquace : PAS DE BULLETIN DE SUIVI METEOROLOGIQUE EN COURS POUR CE DEPARTEMENT, alors même que la couleur jaune (et je vais maintenant donner le texte complet) veut dire :
"Soyez attentifs si vous pratiquez des activités sensibles au risque météorologique ou de crues; des phénomènes habituels dans la région mais occasionnellement dangereux (ex:mistral, orages d'été, montée des eaux) sont en effet prévus; tenez-vous au courant de l'évolution de la situation)".

Bref, on sait que c'est dangereux, on nous demande d'être attentifs, mais on ne vous dit à quoi il faudrait l'être... Bien sûr, on peut toujours se reporter aux bulletins complets locaux, mais ce n'est pas immédiat. Et puis alors, à quoi sert cette carte ?




Parlez-vous doublé ?

25 fév. 2008
Ça me frappe

L'anglais ne se contente pas d'envahir le français. Il le contamine également, de manière assez détournée parfois, comme par exemple sous l'influence du doublage des productions audio-visuelles venant des États-Unis, en particulier à la télévision.
Le principe du doublage est en effet de faire "coller" le plus possible le mouvement des lèvres des acteurs, qui s'expriment dans leur langue maternelle, avec le texte traduit dans la langue d'arrivée. Ce n'est pas toujours simple, et il faut parfois quelques acrobaties pour y parvenir. Et quand ce n'est vraiment pas possible, alors c'est la langue d'arrivée que l'on charcute...
Trois exemples venant des USA, puisque c'est le pays d'origine de la quasi-totalité des séries doublées diffusées sur les chaînes françaises...

Un certain nombre de termes sont francisés tels quels, puisqu'on conserve ainsi le même nombre de syllabes et le même mouvement des lèvres, même si le terme français n'a pas tout à fait ou pas du tout le même sens. Je passe sur "opportunité", faux-ami bien connu ; mais la seule traduction possible de "just" devient toujours évidemment "juste", on ne trouve donc plus les mots "simplement" ou "seulement" pourtant souvent beaucoup plus appropriés.
En français, quand quelqu'un a un problème, on lui demande : «Ça va ?», ce qui fait deux syllabes. Or dans les séries d'origine US, la question est plutôt : «Are you all right ?», en quatre syllabes. Les doubleurs sont donc obligés d'allonger la formule et d'utiliser : «Est-ce que ça va ?». Ce n'est pas incorrect, mais ça ne s'emploie pas très usuellement dans la vie courante...
De même pour l'expression : «I must...» employée le plus souvent dans le cas d'une nécessité ou d'une obligation pratiques, et qui a dans ce cas comme équivalent «Il faut que je...» Mais là aussi, pas le même nombre de syllabes, et en plus un mouvement des lèvres assez différent ; on traduit donc par «Je dois...» qui, dans notre langue, implique plutôt une obligation morale ou légale.

Je viens de dire que ces formules, pas très naturelles, ne sont pas couramment employées en français. Mais j'ai tort parce que, précisément à cause de l'influence de ces doublages entendus quotidiennement, elles s'utilisent de plus en plus, contaminant ainsi le français quotidien.



Mise à jour
16 mars 2008

Un correspondant me signale un autre exemple que j'avais oublié : le mot "fermier", de signification très précise et d'usage peu fréquent, pourtant toujours utilisé à la place de "paysan" ou d'"agriculteur", bien plus courants, tout simplement à cause de la prononciation de "'farmer".


Selon "les scientifiques"...

8 fév. 2008
Ça me navre

On lit souvent dans les journaux (ou on entend sur les radios, ou on voit à la télévision) des informations selon lesquelles les "scientifiques" se penchent sur tel ou tel problème, ont résolu telle ou telle question, ou ont élucidé un mystère de la nature :

Les scientifiques s'interrogent sur l'intérêt écologique des agrocarburants (Le Monde, 1er fév. 2008)
Le pétard mouillé par les scientifiques (à propos des dangers du cannabis, Libération, 7 août 2007)
Les scientifiques restaurent la marche après une blessure de la moelle épinière (Site MediCMS.be du 8 janv. 2008)
Les scientifiques chinois développent un prototype de rover lunaire (Futura Sciences, 3 avril 2007)
L’acidité des océans inquiète les scientifiques (Contre Info, 17 déc. 2007)
Le constat dressé par les scientifiques est sans appel : le climat se réchauffe (Portail du gouvernement français, 5 fév. 2007)
La charge utile de la sonde a été soigneusement choisie pour permettre de répondre aux objectifs scientifiques fixés par les scientifiques (sic !) (Flash Espace, 13 janv. 08)
Les scientifiques misent sur de meilleures semences (site de la FAO, 2008)
Les scientifiques valident le caractère printanier de l’automne 2006 (News.fr, 6 déc. 2006)
Les scientifiques chinois inventent le premier robot cuisinier (Chine-informations, 13 oct. 2006)
Quand les grillons inspirent les scientifiques (Journal du CNRS, nov-déc. 2005)

Mais ce que sont exactement ces scientifiques-là n'est (presque) jamais précisé... On ne se préoccupe pas de nous dire s'il s'agit de chimistes ou de physiciens, de biologistes ou de géologues, d'anthropologues ou d'astronomes, ni ce que sont, même en général, leurs méthodes de travail, la nature de leurs activités ou leurs modes d'organisation, comme si les journalistes considéraient que c'est bien trop compliqué pour le lecteur (l'auditeur) moyen, si tant est qu'eux-mêmes s'y intéressent d'ailleurs vraiment...
On a alors l'impression que la science est une espèce de magie, où des individus en blouse blanche qu'on devine bardés de diplômes considérables se livrent, usant de matériels sophistiqués dont on ne nous explique presque jamais le fonctionnement, à des opérations que non seulement on ne peut pas comprendre, mais dont en plus on ne sait rien, sinon qu'elles permettent un beau matin de guérir une maladie, de fabriquer un matériau miracle ou d'entrevoir peut-être une solution à la crise de l'énergie, une sorte de "boîte noire" énigmatique au sein de laquelle s'agite mystérieusement un tribu confuse de sorciers indifférenciés, tous confondus aux yeux du public dans une même admiration béate, lointaine, et un peu méfiante : les "scientifiques"..

Tiens, allez voir cette page, à propos de l'effet de serre. Elle date un peu mais c'est toujours vrai...




Articles

28 janv. 2008
Ça m'intrigue

On assiste en ce moment, dans les média et le marketing, à une renaissance des articles, en particulier des articles définis.

On ne se syndique plus à la CGT, mais à la CGT (bien que le développement du sigle puisse se passer d'article, lui) ; pour faire fructifier notre épargne ou emprunter nous n'allons pas voir le Crédit Lyonnais, mais Le Crédit Lyonnais, dont le nouveau sigle, LCL, intègre d'ailleurs carrément cet article ; ne nous faisons pas rembourser nos dépenses de santé par l'Assurance-maladie, mais par l'Assurance-maladie, etc. Le phénomène existe aussi, semble-t-il en Allemagne, puisque le nouveau parti de gauche s'appelle Die Linke.
Je passe sur le précuseur en la matière, la poste : je me souviens d'avoir cherché, dans l'annuaire local d'une ville que je ne connaissais pas, l'adresse du bureau de poste où j'avais besoin de me rendre. Le dit annuaire m'a laissé dans l'ignorance tant que je cherchais à la lettre P (pour "poste" ou "PTT") ; j'ai même, par acquit de conscience, été voir à B pour "Bureau de...", en vain. En fait, il fallait chercher à "L", comme La poste !

Les rubriques des informations radio ont, elles aussi, été progressivement dotées de ces appendices superfétatoires. Ainsi, France-Info ne nous annonce pas des nouvelles sous les chapeaux "politique" ou "football", mais après avoir claironné : "la politique", "le football".
Il en est de même pour les titres : "L'inquiétude des syndicats" ou "La situation au Liban" ne sont pas sujets d'une phrase, mais annonces d'une info.

Je n'ai pas la moindre idée des raisons de ce phénomène linguistique curieux...





Màj 5 fév. 2008

 Dans le Monde du 5 février, le titre de "Une" : "Le récit du week-end qui a ébranlé la Société Générale".



Annonciations (4)

18 janv. 2008
Ça m'enchante toujours

Voici une quatrième série d'Annonciations, suites à celles publiées ici les 24 juillet et 19 novembre 2006, puis le 5 juin 2007.

J'en profite pour signaler, outre celui, central, et déjà cité, de Daniel Arasse1, quelques ouvrages sur ce thème :
  - Jean Paris, L'Annonciation, Paris, éditions du Regard, 1997. 80 p.
  - Annonciation. Paris, Phaidon, 2000. 290 p.
  - Michel Feuillet, L'Annonciation sous le regard des peintres, Mame, 2004. 96 p.
  - Etienne Choppy. L'Annonciation, Marseille, AGEP éditeur, 1991. 173 p.
  - G. A. Jaeger (sous la dir. de). L'Annonciation, éd. Andrea Lemani, 1999. 20 p.
et un CD-ROm :
  - L'Annonciation, de la Renaissance à nos jours. Paris, Université Paris 1, Réunion des Musées nationaux, CNED, 1998. Attention : fonctionne-t-il encore sur des ordinateurs récents ?

Cliquez sur l'image pour l'agrandir, comme d'habitude...


1 L'Annonciation italienne : une histoire en perspective (Paris, Hazan, 1999, 368 p.)




Hans Memling,
1482


Carlo Crivelli
1486


Maître de Moulins
ca 1500


B. Pinturicchio
1500-01


M. Grünewald
1515


Paris Bordone,
1545-50





L'enfer de l'information

28 déc. 2007
Ça me rassure

Les habitués de ces humeurs savent à quel point je suis sensible aux problèmes liés à l'information. Alors ils comprendront combien j'ai été ravi de voir paraître, puis de lire l'ouvrage de Christian Morel L'enfer de l'information ordinaire1.
On y découvrira (ou plus souvent encore, hélas, on y reconnaîtra...) des tas d'absurdités : le bouton "Démarrer" de Windows qui sert à l'arrêter, les pictogrammes désespérants des toilettes de TGV, les signalétiques ininterprétables ou ambiguës, les modes d'emploi incompréhensibles ou erronés, les chasses d'eau impossibles à démonter (mais le mode d'emploi du démontage est à l'intérieur), les schémas rendus illisibles par excès de décoration, les conseils d'utilisation qui ne sont que des parapluies juridiques (pour une voiture d'enfant : "Oter l'enfant avant de replier"), etc.
Il développe également une idée qui m'a toujours préoccupé : que deviennent les événements que traite la presse quotidienne, une semaine, un mois, un an après ? Où est la "suite" ?

Sans doute reste-t-on parfois sur sa faim. Le chapitre consacré aux défauts fréquents de la vulgarisation scientifique aurait mérité une analyse plus approfondie pour un domaine difficile et très important. Celui sur les écritures indéchiffrables (tags, psychédélismes, calligraphies arabes, etc.) est un peu hors sujet dans la mesure où il s'agit là d'un effet voulu. Le passage consacré aux transparents illisibles, trop petits, confus, trop beaux, etc. gagnerait sans doute à s'ouvrir au cas des transparents... inutiles, ou redondants, ceux que l'intervenant se contente de lire en désignant, sans doute à l'intention des illettrés, la ligne correspondante... Mais l'entreprise est salutaire, intelligente et... drôle !

Du même auteur, et avec autant d'intérêt, j'avais lu en son temps, sur un sujet un peu différent, mais au fond pas si éloigné de celui-ci : Les décisions absurdes. Sociologie des erreurs radicales et persistantes2.
Je m'étonne en revanche que Ch. Morel ne cite pas (sauf erreur de ma part) un autre ouvrage, moins axé sur d'éventuelles incommodités, mais qui se présentait comme des "chroniques de l'innovation technique" : L'âge du plip, de Bruno Jacomy3 : il y aurait découvert par exemple que les robinets des cuisinières s'ouvrent en tournant dans un sens quand elles sont électriques, dans l'autre si elles sont au gaz, et il aurait trouvé l'origine d'une des caractéristiques qui l'irrite : le fait que sur les claviers des ordinateurs ou des calculettes les chiffres sont en ordre croissant de bas en haut, alors que sur ceux des téléphones c'est de haut en bas !

1. Paris, Gallimard, 2007, 242 p. (Bibliothèque des Sciences humaines).
2. Paris, Gallimard, 2002, 309 p.
3. Paris, Seuil, 2002, 242 p. Coll. Science ouverte


Zodiaque

18 déc. 2007
Ça m'épate

L'astrologie m'épate.
Je veux bien que la saison pendant laquelle un enfant est conçu, vit dans le ventre de sa mère et passe les premiers mois de son existence, puisse avoir une influence sur son tempérament et, éventuellement, son caractère.
Mais le climat n'est jamais identique, loin de là, d'une année sur l'autre, et d'ailleurs l'astrologie fait intervenir bien d'autres facteurs, carrément étrangers à celui-ci, comme les ascendants, les décans, les planètes, j'en passe.
Et il y a évidemment tellement d'autres déterminations, bien plus importantes, qui entrent en jeu, que toute cette mécanique dérisoire semble bien aléatoire, d'autant que, comme on le sait, la précession des équinoxes a décalé tout le système d'un bon cran depuis qu'il a été mis au point en Mésopotamie.
Quant à prévoir l'avenir de quelqu'un sur ces bases, je préfère en rire.

Pourtant c'est un commerce extraordinairement florissant. Je ne sais plus qui m'avait dit un jour qu'il envisageait d'ouvrir une officine dite de "dézodiacalisation" proposant aux crédules obstinés de... changer de signe, à l'aide de quelques manipulations pseudo scientifiques à base d'électrodes posées sur le crâne et moyennant, bien sûr, finances... Il ajoutait qu'il n'aurait aucun remords à "surescroquer" des gens qui avaient accepté de l'être une première fois !

Il y a là d'ailleurs un exemple de ce qu'on pourrait appeler de la surinformation : savoir quelque chose qui ne vous intéresse pas, dont vous vous seriez passé sans problème, mais qu'il vous a été impossible d'éviter d'apprendre. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un (au moins dans notre sphère culturelle occidentale) qui ignore son signe du zodiaque, moi le premier, alors que je m'en contrefiche. Et je suis sûr qu'il y beaucoup plus de gens qui ne connaissent pas leur groupe sanguin, pourtant diablement plus important !




"Guillemets"

12 nov. 2007
Ça m'amuse (et je ne suis pas le seul !)

Parmi les manies d'écriture qui m'agacent un peu, il y a celle qui consiste à mettre des guillemets à tort et à travers. Or ne voilà-t-il pas que Télérama du 7/11/07 signale, dans sa rubrique "Internet", p. 84, un site, ou plutôt un blog, qui s'intéresse à cette question, et qui fait d'autant plus ma joie qu'il la traite avec beaucoup d'humour.

Ça s'appelle : The “Blog” of “Unnecessary” Quotation Marks (notez les guillemets !), c'est sous-titré : misinterpreting bad punctuation since 2005, et ça se trouve en cliquant ici.
Ce blog a été créé et est géré par Bethany Keeley, doctorante en "Rhetoric" (je ne sais trop à quelle discipline correspond ce terme chez nous) à l'Université de Georgie. Elle nous dit qu'elle ne fait pas partie de la "police grammaticale" et qu'elle chasse plutôt les guillemets non pertinents pour son amusement ("for the fun", traduisai-je entre guillemets, car cela marque une citation exacte !). En fait elle essaie de deviner, ou plutôt d'inventer ("minsinterperting"), souvent de manière cocasse, la raison pour laquelle des termes auraient ainsi été encadrés. Un exemple dans la marge droite...

J'ouvre une parenthèse pour dire que les signes dont elle parle correspondent au fameux 'quote/unquote' qui encadrent ici ce double terme, et en français aux "guillemets typographiques" ou "guillemets doubles" que je viens d'utiliser pour encadrer ces deux paires de mots, et un peu différents des guillemets anglais, utilisés ici.

Curieusement, une rapide recherche sur le Web m'a fourni des tas de sites traitant de la typographie des guillemets, en particulier pour la présentation des pages web, mais très peu qui expliquent dans quels cas il convient, ou pas, de les utiliser. Intuitivement, j'aurais tendance à distinguer ceux-ci (Bethany donne un lien qui fournit des cas un peu différents pour l'anglo-américain) :
- Dialogues en style direct. On préfère d'habitude utiliser les caractères « et »,
- Citations tirées d'un autre texte, les guillemets étant supposés certifier à la fois l'altérité de la chose et son exactitude,
- Utilisation de termes dans un sens qui ne leur est pas habituel,
- Utilisation de termes étrangers,
- Utilisation d'un mot dont on pense qu'on ne devrait pas, mais quand même, argot par exemple,
- Utilisation dans le cadre d'une norme de présentation, bibliographique, par exemple (titre d'un article dans une revue).

Il est vrai qu'on trouve souvent des guillemets utilisés tout à fait en-dehors de ces différents cas, ce qui apporte aux mots ainsi encadrée une nuance le plus souvent hors de propos. Il se trouve que je suis moi-même très sensible aux guillemets superfétatoires et je suis donc ravi de trouver là une âme soeur, surtout dans une langue qui n'est pas la mienne, car cela prouve que les problèmes dépassent les frontières, et la réaction d'agacement amusé également...

Pour les "accros", rappel du codage :
"  :   Alt+ 034     "      "
«  :   Alt+ 0171    «     «
»  :   Alt+ 0187    »     »
‘  :   Alt+ 0145    “
’  :   Alt+ 0146    ”
“  :   Alt+ 0147    “
”  :   Alt+ 0148    ”



Ce texte se traduit :
'Jésus' arrive.

Bethany commente : Apparemment, "Jésus" est le nom supposé d'un autre type qui va se montrer plus tard.

J'ai de mon côté mis mon appareil photo en chasse d'exemples plus francophones... En voici un :



Il doit donc y avoir encore une sorte de genre de petit engagement quelque part...


Vous avez dit "Absurde" ?

22 oct. 2007
Ça m'amuse

Les anthologies d'humour font un tabac en ce moment. Je suis assez friand de ce genre d'ouvrages, parfois plein de perles amusantes. Dernier en date Le meilleur de l'absurde de Sébastien Bailly, aux Mille et une Nuits, qui m'inspire quelques réflexions.

500 absurdités, donc. Certaines ne répondent pas vraiment à la définition. Par exemple celle-ci :
On ne peut pas être et avoir été. Mais si ! On peut avoir été un imbécile et l'être toujours, d'Octave Mirbeau, qui relève plus du bon mot un peu cynique que de l'absurde, ou alors le célèbre :
Plus ça change et plus c'est pareil d'Alphonse Karr ou, moins connue :
On ne peut pas juger du Lohengrin de Wagner quand on ne l'a entendu qu'une seule fois, et je ne l'écouterai sûrement pas deux de Rossini.
D'autres me paraissent marquées au coin du bon sens, leur absurdité supposée cédant plutôt la place à une paradoxale vérité, par exemple :
Zorro est obligé de mettre un masque pour qu'on le reconnaisse de Patrick Sébastien.
D'autres encore sont plutôt des tautologies déguisées :
Tout le monde peut devenir vieux. Il suffit de vivre assez longtemps (Groucho Marx).

La liste des auteurs est relativement restreinte, et certains reviennent donc souvent. Woody Allen, presque toujours adepte de la confrontation métaphysique-vie quotidienne (Si l'univers est en pleine expansion, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à trouver une place de parking d'ailleurs cité deux fois), mais qui ne serait pas l'auteur du fameux L'éternité c'est long surtout vers la fin, attribué ici à Robert Beauvais. On trouve encore Pierre Dac, bien sûr, Jean-Marie Gourio, G.C. Lichtenberg, Alexandre Vialatte, etc. Mais certains sont très inattendus, tel l'auteur de : Que devient le trou quand le gruyère est fini ? qui serait de... Bertolt Brecht.

Et puis, comme souvent, cette recension montre (ou révèle ?) un côté misogyne peu sympathique : il y a une rubrique "Femme" avec 9 citations, dont trois de Sacha Guitry (que l'on retrouve souvent dans d'autres rubriques mais avec la même coloration, comme Je conviendrais volontiers que les femmes nous sont supérieures, si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales). Il n'y a évidemment pas de rubrique "homme". D'ailleurs les auteurs sont tous masculins, à l'exception de l'inattendue Ségolène Royale (Même quand je ne dis rien, cela fait du bruit), de la comédienne états-unienne Gracie Allen et d'Agatha Christie. Par exemple, on ne trouve pas mention des innombrables bons mots de Mae West, mais peut-être ne relèvent-ils effectivement pas de l'absurde.

Pour finir, deux qui m'ont particulièrement plu. Celle-ci, qui ne peut que ravir l'amateur de SF que je suis :
La preuve irréfutable qu'il existe une vie intelligente sur une autre planète, c'est qu'ils n'ont jamais cherché à nous contacter (Bill Watterson, d'ailleurs mal orthographié).
Et celle-là, d'Alphonse Allais, summum de la logique sans appel :
Le café est un breuvage qui fait dormir quand on n'en prend pas...



24 oct. 2007
Mise à jour...

Voilà-t-y pas qu'à peine ce billet mis en ligne, je tombe, dans une de mes librairies favorites, sur un autre ouvrage sur le même sujet : Absurdement vôtre, de Georges Cathalo, chez Mango, coll. Mots et Cie. Il date de plus de 18 mois, maintenant, il a donc l'antériorité.
Il contient beaucoup moins d'absurdités, seulement 106. On y retrouve à peu près les mêmes signatures, et souvent d'ailleurs les mêmes citations. Simplement, ici, elles sont classées par grands thèmes au lieu de l'être par mots-clés.
Donc rien de nouveau. Par contre, ici, une liste en annexe nous donnes les sources.
Allez, pour le plaisir...

Toujours pour l'amateur de SF que je suis : L'avenir c'est comme aujourd'hui, mais plus tard (Louis Calaferte)
Un conseil pratique : Dans le doute, dites la vérité (Mark Twain).
Un constat : Une fois que ma décision est prise, j'hésite longuement (Jules Renard).
Une certitude : Et puis, qu'importe la culture ! Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? (Pierre Desproges).
Un peu de maths : C'est vrai : 13bis est-il un nombre pair ou un nombre impair ? (Raymond Queneau).



Bandes son

16 oct. 2007
Ça m'agace

On dit souvent que nous vivons dans la civilisation de l'image.
Certes, mais il ne faudrait pas pour autant oublier le son. Et les professionnels de l'audio-visuel se gardent bien de tomber dans ce travers. Ils auraient d'ailleurs plutôt tendance à pratiquer l'excès contraire, c'est-à-dire à rajouter des sons là où il n'y en a pas.
Comme je l'ai déjà dit ici, je n'ai pas la télévision, et donc je ne la regarde que très rarement, mais ça me frappe presque à chaque fois, dans les fictions ou les séries, particulièrement états-uniennes. Je vais un peu plus souvent au cinéma, où le phénomène s'y retrouve parfois tout autant. Quelques exemples :

Tous les ordinateurs de cinémas, en particulier ceux que l'on voit dans les thrillers et films d'aventures (et contrairement à ceux qu'utilisent les personnages chez eux, ce qu'ont voit plus rarement, d'ailleurs) ont des réactions sonores inhabituelles : vous tapez sur une touche, elle émet un petit couinement, une image ne peut pas apparaître sur l'écran sans être accompagnée d'un bruit plus ou moins musical, un texte sans une rafale de "bips" plus ou moins mélodieux.

Avez-vous remarqué que les voitures qui se poursuivent à l'écran produisent toujours de violents crissements de pneus, ce qui arrive parfois dans la vraie vie quand il fait chaud, mais jamais quand il pleut ou, a fortiori, sur des chemins de terre, comme on le voit souvent sur les écrans !

C'est comme les vaisseaux spatiaux de Stars Wars qui, dans le vide absolu, émettent les mêmes sifflements que des vulgaires Airbus ou Boeings.

On a l'impression que, pour que les spectateurs soient convaincus de la véracité de ce qu'on leur donne, leur en mettre plein les yeux ne suffit pas : il faut aussi gaver leurs oreilles, même si c'est en contradiction avec la plus élémentaire vraisemblance.
















Là, ça freine
sec


Anglais obligatoire

4 oct. 2007
Ça m'énerve

Devant la façade de Notre-Dame de Paris, l'autre dimanche. Une foule énorme sous un chaud soleil. Une charmante touriste se tourne vers moi, me tends avec un sourire son appareil, et me demande si je veux bien la prendre en photo devant le portail de la cathédrale.
Elle me le demande... en anglais, ou plutôt d'ailleurs en américain.

Je ne sais plus très bien ce que je lui ai répondu, ni en quelle(s) langue(s), mais en gros j'ai essayé de lui faire comprendre qu'elle était en France, et qu'il était bon qu'elle s'adresse à moi dans la langue de ce pays, en tout cas qu'elle essaie. Du coup, j'ai carrément refusé de lui rendre ce petit service.

Après quoi je me suis demandé quelle était exactement la cause de ma réaction de colère assez peu courtoise.
En fait, je crois que c'est ceci : si elle avait pris la précaution de me demander d'abord, en trois mots de français, même baragouinés, si je parlais anglais, j'aurais répondu affirmativement, dans sa langue, et je l'aurais très volontiers aidée. Mais elle ne l'a pas fait, et son attitude témoignait simplement du fait qu'elle partait du principe, sans se poser plus de question, que tout individu pris au hasard dans ce pays (et sans doute dans n'importe quel autre) devait obligatoirement comprendre l'anglais.

Je n'arrive pas à me faire à cette prétention, très certainement inconsciente (ce qui n'en est que plus grave), et qui semble être une spécialité des États-Uniens...

Living/Learning Center, The University of Vermont.


Devises idiotes

15 sept. 2007
Ça me fascine

Les entreprises semblent se prendre pour des seigneuries féodales et, non contentes d'arborer des logos qui leur servent de blason, elles se sentent obligées de se doter de devises.
Ce ne sont pas vraiment des slogans, car il s'agit de symboliser non pas un produit en particulier, mais l'ensemble d'une collectivité dévouée à une activité commune donnée, et les qualités qu'elle implique... Cependant elles sont le plus souvent soit stupides, soit tautologiques, soit applicables à n'importe quelle autre activité ou société...
Petit florilège :

- Auchan : "La vie, la vraie". Au supermarché ?
- BASF : "The chemical company". Avec ça, on est bien avancé !
- Bouygues : "L'esprit challenger" Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Crédit agricole : "Une relation durable, ça change la vie". Restez clients, hein ?
- Crédit Mutuel : "La banque à qui parler". Sans commentaire
- EDF : rien pour l'instant, ça m'étonne...
- GAN : "C'est avec l'esprit libre qu'on avance". Quel rapport ?
- HSBC : "Votre banque, partout dans le monde" Assez plat...
- Maif : "Assureur militant" Souvenir de ses origines syndicalistes, mais à part ça ?
- Peugeot : "Pour que l'automobile soit toujours un plaisir". Pas absurde, mais vraiment au ras des pâquerettes
- Philips : "Sense and simplicity". Exactement ce qu'il n'y a pas dans cette devise !
- Sanofi-Aventis : "L'essentiel, c'est la santé". Plutôt tautologique, pour un pharmacien !.
- SNCF : "Donner au train des idées d'avance". La précédente : "À nous de vous faire préférer le train", si je me souviens bien, avait un peu plus de sens... Le TGV a droit à une devise spécifique, dont la logique m'échappe un peu : "Prenez le temps d'aller vite".
- Sony : "Like.no.other". Avec les points ???
- Suez : "Vous apporter l'essentiel de la vie". Et puis quoi, encore ?
- Total : "Pour vous, notre énergie est inépuisable". Facile...
- Toyota : "Today, tomorrow, Toyota". Un jeu de mots vraiment débile !
- Bayer : "Science for a better life". Sans doute le moins idiot...

On a l'impression d'une volonté d'engagement très fort, mais très vague et sans grande signification, où ce qui compte c'est plus la forme et la surface des choses que leurs implications concrètes... Un peu comme les slogans de campagne dont je parlais ici en juillet...


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